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15 septembre 2012 6 15 /09 /septembre /2012 12:17

J.pnge me suis rendue compte que nous n'avions jamais évoqué en éthique, les questions de la morale sociale. Or l'Eglise possède une doctrine sociale importante et très intéressante. Si vous n'êtes pas familiarisés avec ces questions, je vous conseille plutôt que de vous lancer dans la lecture des nombreuses encycliques sociales de vous procurer le Compendium de la Doctrine Sociale de l'Eglise composé par le Conseil pontifical "Justice et Paix" et publié en France aux éditions du Cerf. L'index entres autres est très bien conçu  et permet de retrouver rapidement une question.

 

Quelques mots sur l'Avant Propos rédigé par Monseigneur Descubes, archevêque de Rouen. Il débute son propos en soulignant que la Parole de Dieu est "aussi une parole sur l'homme et la société". Et, en effet, si peu de normes morales et sociales sont données avec précision dans le Nouveau Testament, la Bible nous fournit en revanche de grandes lignes de conduite pour que l'homme s'humanise toujours davantage. A l'heure où les notions de bien commun, de loi naturelle sont quelque peu malmenées ou l'on confond souvent justice, équité et égalité- pour ne donner quelques exemples-  il est bon de se former à la doctrine sociale de l'Eglise...Monseigneur Descubes rappelle brièvement depuis le début du XIX, les grande étapes et grand textes de la Doctrine Sociale comme par exemple l'incontournable rerum novarum de Léon XIII, les interventions radiophoniques de Pie XII et le Concile Vatican II...

Pourquoi un compendium? Il a été demandé par Jean Paul II et c'est pourquoi l'évêque de Rouen le cite en introduction: " L'enseignement et la diffusion de la Doctrine Sociale de l'Eglise appartiennent à  sa mission d'évangélisation: c'est une partie essentielle du message chrétien, car cette doctrine en propose les conséquences directes dans la vie de la société et elle place le travail quotidien et la lutte pour la justice dans le cadre du témoignage rendu au Christ Sauveur."

 Trois thèmes structurent le Compendium: "Le dessein d'amour de Dieu pour l'humanité"; "La Famille, cellule vitale de la société" ( en ces temps de réflexion sur le sens de la famille, cette partie est à étudier en urgence...) et enfin "la doctrine sociale et l'action ecclésiale."

 

Le corps social ou société c'est l'union organique de plusieurs membres poursuivant volontairement une fin commune par des moyens pris en commun. Plusieurs principes font former la société. Ils sont développés au chapitre 4 de la première partie. Ils sont selon le Compendium, "les véritables fondements de l'enseignement catholique: à savoir le principe de la dignité humaine- déjà traité au chapitre précédent- sur lequel reposent tous les autres principes et contenus de la doctrine sociale, ceux du bien commun, de la subsidiarité et de la solidarité."

"En raison de leur durée dans le temps et de leur universalité, l'Eglise les désigne come le paramètre de référence premier et fondamental pour l'interprétation et l'évaluation des phénomènes sociaux, dans lequel puise les critères de discernement et de conduite de l'action sociale, en tout domaine." Ces principes- bien commun, subsidiarité et solidarité, s'appuient donc sur le concept de "dignité humaine" et ne peuvent se comprendre l'un sans l'autre. Ils s'articulent entre eux.

Vont se joindre à ses principes des valeurs comme la vérité, la justice ou encore la liberté.

Au n°163 par exemple, le texe relie ces principes à la vérité de la société. Là encore, l'idée du relativisme est rejetée et l'Eglise se situe sur un plan universel lorsqu'elle évoque ces principes. Vérité, principes qui vont cependant être utilisé avec la conscience de chacun et sa liberté propre. Il faut se confronter au sens de la vie sociale car tout homme, animal politique, vit dans la société."Ces principes ont une signification profondément morale car ils renvoient aux fondements ultimes qui ordonnent la vie sociale." Cela implique aussi que tous, aussi bien les individus que les institutions, les reconnaissent et agissent en ce sens.

 

Ces 4 principes et trois valeurs sont les fondamentaux de la réalité sociale dans son ensemble ( relations interpersonnelles, politiques, économiques). Ce sont les principes qui vont servir de référence dans l'interprétation de des phénomènes sociaux et comme critères de discernement de l'action sociale.

 

Quelques mots seulement sur le bien commun.

La notion de bien commun a un long passé dans la philosophie grecque et scolastique (Saint Thomas d'Aquin) et est le principe organisateur de tout le discours social de l'Eglise en matière de politique, d'économie...C'est Léon XIII qui remet au premier plan de la doctrine sociale cette notion dans Rerum novarum. Dans le contexte de l'idéologie marxiste et communiste, il rappelle que le principe organisateur de la société ne peut être l'opposition entre les différentes classe sociales mais "la juste relation des personnes en fonction de leur rôle au service de tous." Le bien doit être suivi et servi par tous et non  "selon des visions réductrices subordonnés aux avantages partisans"... Il est étonnant de voir comme dans notre société nous avons perdu le sens du bien commun et comme nous sommes rapides à chercher notre bien personnel ou celui de notre classe ou de notre "communauté". Or comme le souligne le texte, le bien commun est "difficile à atteindre car il recquiert la capacité de réaliser le bien des autres comme si c'était le sien et de le rechercher constamment" et cela sous l'angle de la vérité.

Bref, "le bien commun ne consiste pas dans la simple somme des biens particuliers de chaque sujet du corps social. Etant à tous et à chacun, il est et de demeure commun, car indivisible et parce qu'il n'est possible qu'ensemble de l'atteindre, de l'accroître et de le conserver, notamment en vue de l'avenir. Comme l'agir moral de l'individu se réalise en faisant le bien, de même l'agir social parvient à sa plénitude en accomplissant le bien commun. De fait, le bien commun peut être compris comme la dimension sociale, communautaire du bien moral."

 

La question du bien commun va rejoindre très rapidement la questions des biens et de leur répartition.La justice sociale (juste répartition des richesses) rejoint alors la question du bien commun. Les différents textes abordent alors les questions de justice et d'équité. Pie XI, dans Quadragesimo anno en 1931( nous sommes dans le contexte bien rude de la crise de 1929) , par exemple,  aborde avec pertinence les questions du libéralisme économique. Le Compendium traite ainsi de la destination universelle des biens, de la question de la propriété privé et enfin de l'option préférentielle pour les pauvres.

SaintPierre.png

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