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22 novembre 2009 7 22 /11 /novembre /2009 20:21
 

u'est ce que la morale? Et quelle différence existe t-il entre l'éthique et la morale?

Voilà les deux questions qui vont nous intéresser aujourd'hui.





La morale peut se définir d'une manière très vaste comme l’ensemble de règles, d’interdits ou de mœurs qui régissent une société, un groupe ou encore un peuple.

Voilà ce que nous en dit Monsieur Robert Jr «  Qui concerne les mœurs, les habitudes et surtout les règles de conduite admises et pratiquées dans une société. Conscience morale, Sens moral  : discernement du bien et du mal. Préceptes moraux : maxime, sentence. Jugement moral. Impératifs, principes moraux. Obligation, loi morale. »

Ces règles ou interdits mis en place par une société vont à la fois permettre à l’homme de s’humaniser davantage et quelque part le déterminer. De fait, l’homme est un « animal politique » pour reprendre les termes d’Aristote c’est-à-dire qu’il est un être social. Sociabilité qui implique une certaine dépendance les uns par rapport aux autres et donc la mise en place d’un certain nombre de règles, de lois qui vont déterminer la société et un « vivre-ensemble ». Une société, un homme qui n’aurait pas de moral serait alors amoral ( = sans morale au sens parfois de « neutralité »). Par exemple, les lois de la nature ou les lois mathématiques sont par définition amorales.

Les exemples qui suivent notre définition sont éloquents pour saisir les différentes facettes de la morale. Celle-ci se caractérise essentiellement par la distinction ou encore le discernement du bien et du mal. Ce qui est moral s’opposera alors à ce qui est immoral (dans le sens où la personne immorale viole des règles morales existantes.). Connaître et suivre le bien, c’est être un homme moral, un homme vertueux. Suivre le mal, c’est être un homme immoral (le contraire de la vertu étant le vice) La conscience morale renvoie à une morale plus « profonde » que le simple précepte ou règle de conduite d’une société. C’est en ce sens que Pascal pouvait affirmer que « la vraie morale se moque de la morale ». La vraie morale serait une connaissance intérieure du bien et du mal, connaissance qui peut se présenter comme une évidence et qui ne correspond pas nécessairement à l’ensemble des règles traditionnelles de telle ou telle société.

Enfin, les dernières expressions renvoient aux notions de devoir ou encore de loi, d’obligation. La morale est en effet souvent comprise uniquement comme un ensemble de contraintes plus ou moins aliénantes pour l’individu. C’est pour cette raison qu’on a assisté à la fin du XXème siècle au rejet de toute morale avec la célèbre formule de Mai 68 en France : «  Il est interdit d’interdire. ».

 

La philosophie comme la théologie morale s’appuie sur un fort héritage greco-romain qui pose déjà les grandes problématiques liées à la morale comme par exemple l'origine de la morale. Pour les sophistes, l’autorité morale provient de ceux qui ont le pouvoir (pour servir leur propre intérêt). Platon au contraire, dans la République, refuse cette théorie et affirme qu’il existe une norme constante et immuable et par conséquent qu’il ne peut exister une variété infinie d’opinions comme le soutenait les sophistes. Aristote refusera le fondement métaphysique platonicien des formes transcendantes. Pour lui, la reconnaissance que le Bien est la plus haute forme, et qu’il se situe au-delà de tout être et de toute connaissance n’éclaire en rien les problèmes moraux pratiques et concrets de notre vie. Il recherche ainsi ce que l’homme veut vraiment et les moyens qu’il met en place pour y parvenir. Que recherche tout homme ? A quoi aspire t-il par dessus tout ? Il s’agit en réalité du BONHEUR (eudomonia). Ce bonheur n’est pas compris comme une simple satisfaction des divers plaisirs ou désirs mais véritablement comme une plénitude de vie qui englobe à la fois les sentiments subjectifs de l’individu mais aussi les éléments objectifs. Ce bonheur se caractérisera chez notre philosophe par l’exercice des vertus. La plus haute vertu étant celle de la contemplation car elle procure le plus grand des bonheurs en se rapprochant le plus de l’activité divine.

A partir de l’époque hellénistique, la notion grecque de citoyen perd de l’importance devant celle d’individu. Epicuriens et stoïciens conçoivent d’autres formes de bonheur et par conséquent n’envisage plus la morale de la même manière. Pour ces derniers, c’est la Raison Universelle qui va régir les normes du comportement humain. L’important sera d’agir avec raison, c’est-à-dire agir en accord avec la nature des choses.

C’est Cicéron qui va introduire le mot même de « Morale ». En effet, étymologiquement le mot morale vient du latin mos, moris qui signifie manière d’agir, comportement, coutumes, mœurs. Cicéron traduisait ou transposait dans sa langue le terme grec ethos ( = éthique). La morale en ce sens est alors comprise plus comme la science du comportement humain, des mœurs humaines.

 

Aujourd’hui, on emploie plus facilement le mot éthique qui dérive du mot grec ethos signifiant : caractères, mœurs et usage. Mais c’est dans un sens plus diffus que dans celui de morale. C’est l’ensemble des habitudes qui forment le bien agir ou le mal agir.

Dans le langage courant, la mouvance de la morale et la compréhension de cette dernière s’est enfermée dans la conception kantienne où la morale pourrait se résumer à un devoir auquel il faut obéir. C’est cette veine de la morale que l’on retient. Image où l’on retrouve l’Eglise qui enseigne la morale dans une perspective uniquement casuistique ( c’est-à-dire des cas de conscience) Cette mouvance s’était détachée depuis la fin du Moyen Age de la Bible. On a perdu le sens et la raison de cette morale, tout se réduit à un devoir.  C’est le déontologique (devoir).

L'éthique renverrait quant à elle à la finalité, à l'accomplissement d'un but qui se trouve être le bonheur (et qu'il faudra par ailleurs définir). C'est le téléologique (télos= fin).  L’éthique renvoie donc à un sujet agissant libre et responsable.

En réalité pour une « saine et juste morale », il nous faut articuler le déontologique et le téléologique. La distinction entre « morale » et « éthique » est une distinction de convention. Les deux ont en réalité le même sens.

 

Quelques lignes directrices pour éclairer la notion de morale.

La question philosophique sous-jacente à la morale est LA question par excellence: «  qu’est-ce que l’homme ? »

Toute morale s’appuie en effet sur une anthropologie spécifique. Quelle est ma vision de l’homme ? Qui est l’homme pour moi ? A quoi est-il appelé ? La philosophie morale d’une manière très générale s’intéresse à la finalité de l’homme et va donner le lignes directrices de l’AGIR : que dois-je faire pour atteindre cette finalité ou autrement dit que dois-je faire pour atteindre le bonheur?

La morale c'est s’interroger sur le SENS de notre agir c’est-à-dire la signification et la valeur de cet agir. Quelle direction je donne à mon action ? L’éthique doit nous humaniser : plus fondamentalement c’est la direction donnée à notre vie que l’on construit. Il nous faut unifier cette vie et notre agir (nous sommes plutôt dans une situation « schizophrénique » depuis la Chute.)

Dans cet agir, il fait prendre en compte l’EMOTION (dans un accident, que faire ? si pas d’éléments comment agir ? On voit déjà se profiler l’importance de l’éducation de la conscience et du sens moral…). Voir ce qu’il faut faire pour BIEN FAIRE.

Puis la RESPONSABILITE : assumer le mieux notre responsabilité (figure de Pilate) : répondre de, avec, pour, et devant…. Cela nous construit, nous aide à aller plus loin. Cela est très important car l’homme est un être relationnel, il répond de ces actes devant d’autres mais aussi avec autrui. Et pour le chrétien, devant Dieu et avec Dieu, et répondre devant sa conscience . L’agir d’un homme engage toujours plus loin que l’individu seul: mon agir est le reflet de ma conception de l'homme

En morale, il va s’agir de composer pour que l’acte soit dit moral avec la LOI, LA CONSCIENCE et la SITUATION.

Enfin c’est la question du SENS de l’homme qui : d’où vient-il ? Où va t’il ? La réponse à ces questions conditionnent notre agir. La théologie morale à la différence de la philosophie morale prend comme références ultimes : la foi chrétienne, la révélation, la détermination par ce que Dieu dit de l’homme, ce qu’il a fait pour l’homme en Jésus-Christ et par Jésus-Christ.

 

 

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commentaires

J
Oui on ne peut pas s'interroger sur la morale sans s'interroger sur ce qu'est l'homme. Car la morale - ce qui est considéré comme bien ou mal - si elle ne concerne pas l'homme, quel sens lui donnerait-on ?<br /> Le problème, c'est que nul ne peut prétendre savoir ce qu'est l'homme. Et encore faudrait-il prouver que l'homme - l'essence, l'universel - existe et qu'il n'y a pas autant d'hommes que d'individus. <br /> Dès le moment où l'on commence à user de généralités comme homme, bien, morale, responsabilité, on risque fort d'aboutir à une anthropologie abstraite, hors-sol, théorique et dangereuse; <br /> On peut remarquer, par exemple, que plus un Etat est totalitaire ou tyrannique, et plus il fait usage de la morale. Cela permet de rester dans le principe, l'abstrait. , Et cela permet aussi de justifier, à grande échelle, n'importe quel projet. et de ne jamais relier les problèmes à des cas précis, des contextes précis, des causes précises, des effets précis. La morale se heurte au singulier.
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J
<br /> Votre article est plus que d'actualité aujourd'hui, car il a mis en lumière l'absence de morale dans le milieu des " bien-pensants " parisiens à propos de DSK . Les notions de morale ( laïque ou<br /> religieuse) semblent en voie de disparition.L'Ethique (philosophique) peut-être aussi une doctine qui conduit au bonheur ...<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Bonjour Jacquotte, pourriez-vous m'éclairer?<br /> "Par exemple, les lois de la nature ou les lois mathématiques sont par définition amorales."<br /> Si on s'arrête au concept de morale que vous donnez dans les premiers paragraphes "ensemble de règles pour vivre ensemble", pourquoi les lois de la nature (lois régissant notamment les rapports<br /> entre organismes vivants dont les animaux, les insectes sociaux etc.) sont-elles amorales par définition?<br /> <br /> <br />
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J
<br /> La morale est ce qui cherche à définir le bien et le mal. Un acte humain volontaire et libre vise le bien. Les lois positives (juridiques) par exemple sont des lois établies par les hommes pour<br /> plus de justice et de bien dans la société ( le vivre ensemble). On peut réfléchir sur les lois les meilleures, les réajuster, remettre en question des lois et cela pour plus de Bien.<br /> Les lois mathématiques ne sont pas bonnes ou mauvaises, elles sont donc amorales (sans morale). Pour être un peu plus claire peut être, un exemple, plus éloigné je vous l'accorde mais révélateur...<br /> Un chat qui attaque une souris ne commet pas un acte bon ou mauvais. Il pose un acte mais qui n'est pas un acte libre, raisonné et volontaire. les petites fourmis ne se réunissent pas pour établir<br /> des règles pour "mieux vivre" et ça selon un bien qu'elles ont défini. Des règles, des lois existent... mais elles sont d'un autre ordre.<br /> De même on ne juge pas de la moralité d'une catastrophe naturelle.<br /> On ne porte pas de jugement moral sur des lois mathématiques ou des lois de la nature.<br /> Se profile derrière bien entendu la liberté... il nous faudrait aussi distinguer contrainte, nécessité, détermination et obligation...<br /> <br /> <br />
D
<br /> FAUX BOULET! Jacquotte est dans mes liens depuis longtemps et tu ne m'as même pas mis dans les liens de ton blog english : LAME!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!<br /> <br /> <br />
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P
<br /> En tous cas à la lecture de cet article je détiens l'insulte suprême : "toi, t'es l'archétype du pharisien"<br /> <br /> <br />
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