’ai pris un peu de retard dans mes notes ces dernières semaines, nous allons essayer de remédier à tout cela. Notre nouveau pape, le pape François, a décidé de continuer au cours des audiences du mercredi de poursuivre les catéchèses de l’année de la foi ouverte à l’automne dernier par Benoît XVI. Nous lirons aujourd’hui celle du 3 avril 2013.
En ce temps pascal (le temps de Pâques va du dimanche de Pâques jusqu’à l’Ascension de Jésus, 40 jours plus tard), il aborde le cœur de notre foi : la résurrection en partant de la formulation du credo : « Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Écritures ». C’est précisément l’événement que nous célébrons : la Résurrection de Jésus, cœur du message chrétien, qui a retenti depuis le début et a été transmis afin qu’il parvienne jusqu’à nous. » L’affirmation de foi la plus fondamentale est en effet celle-ci : Jésus, le Christ est mort et est ressuscité. C’est, comme l’écrit le souverain pontife « le cœur de notre espérance. » Ce n’est pas anodin de rappeler la radicalité de cette affirmation aujourd’hui… car paradoxalement, de nombreux chrétiens me confient souvent douter de la résurrection. La mort est-elle une fin ? ai-je plusieurs vies et est-ce que je tends à croire à la réincarnation ? Le Christ Jésus n’a-t-il pas vaincu nos péchés et la mort ? Car, ne l’oublions pas, si le Christ est ressuscité, c’est pour que nous aussi nous ressuscitions dans notre chair ! « Malheureusement, souvent on a tenté d’obscurcir la foi dans la Résurrection de Jésus, et parmi les croyants eux-mêmes se sont insinués des doutes. C’est un peu une foi « à l’eau de rose » comme on dit ; ce n’est pas une foi forte. Et cela par superficialité, parfois par indifférence, occupés par mille choses que l’on considère plus importantes que la foi, ou encore en raison d’une vision uniquement horizontale de la vie. Mais c’est précisément la résurrection qui nous ouvre à l’espérance la plus grande, car elle ouvre notre vie et la vie du monde à l’avenir éternel de Dieu, au bonheur total, à la certitude que le mal, le péché, la mort peuvent être vaincus. Et cela conduit à vivre avec davantage de confiance les réalités quotidiennes, à les affronter avec courage et application. La Résurrection du Christ illumine d’une lumière nouvelle ces réalités quotidiennes. La Résurrection du Christ est notre force ! » Bref, nous ne pouvons faire abstraction de la résurrection… Toute la liturgie pascale confirme cette espérance. Nous croyons en un Dieu vivant, qui donne la vie pas un Dieu mort, anéanti par le mal et le péché. C’est un Dieu victorieux de la mort que nous adorons et qui nous aide à surmonter comme le dit bien François les difficultés quotidiennes, les épreuves en particulier celles du deuil. Profitons donc de ce temps pascal pour méditer et approfondir le mystère de la résurrection de Jésus. Tous les textes qui nous sont offerts dans la liturgie peuvent nous y aider.
Le pape continue ensuite en réfléchissant sur la manière dont cette « vérité de foi » nous a été transmise. Il distingue deux types de témoignages : « certains sont sous la forme de profession de foi, c’est-à-dire de formules synthétiques qui indiquent le cœur de la foi ; d’autres en revanche sont sous la forme de récit de l’événement de la Résurrection et des faits qui y sont liés »
La première forme est par exemple présente dans les épîtres (= lettres) de Paul. Mais le pape s’attarde aujourd’hui sur la seconde des formes qui est présente dans les évangiles et qui sont de réels témoignages. Il nous rappelle à l’occasion que les premiers témoins furent des femmes, ce sont les apôtres des apôtres comme on aime à dire dans l’Eglise. Il s’agit alors soit de la constatation du tombeau vide soit de la rencontre avec un ange, messager de la résurrection… Le Christ n’est pas ici ! Contrairement à saint Thomas par exemple, les femmes croient. C’est une adhésion de foi immédiate qui a pour conséquence la joie et la volonté de transmettre la nouvelle : le Christ est vivant ! Il est ressuscité ! Alléluia ! : « Les femmes sont poussées par l’amour et elles savent accueillir cette annonce avec foi : elles croient, et immédiatement la transmettent, elles ne la gardent pas pour elles, elle la transmettent. La joie de savoir que Jésus est vivant, l’espérance qui remplit le cœur, ne peuvent pas être réprimées. Cela devrait également être le cas dans notre vie. Nous ressentons la joie d’être chrétiens ! Nous croyons dans un Ressuscité qui a vaincu le mal et la mort ! Nous avons le courage de « sortir » pour apporter cette joie et cette lumière dans tous les lieux de notre vie ! La Résurrection du Christ est notre plus grande certitude ; c’est le trésor le plus précieux ! Comment ne pas partager ce trésor, cette certitude, avec les autres? Elle n’est pas seulement là pour nous, mais pour la transmettre, pour la donner aux autres, la partager avec les autres. C’est précisément là notre témoignage. » Souvent, les enfants du catéchisme trouvent cela plus normal que les adultes que nous sommes, mais en effet, comment résister à l’envie, au désir de partager, de dire, d’annoncer une Bonne Nouvelle ? Ne sommes-nous pas parfois un peu frileux ?
Le saint père continue : « Dans les professions de foi du Nouveau Testament, seuls des hommes sont rappelés comme témoins de la Résurrection, les apôtres, mais pas les femmes. C’est parce que, selon la loi judaïque de cette époque, les femmes et les enfants ne pouvaient pas rendre un témoignage fiable, crédible. Dans les Évangiles, en revanche, les femmes ont un rôle primordial, fondamental. Nous pouvons ici saisir un élément en faveur de l’historicité de la Résurrection : s’il s’agissait d’un fait inventé, dans le contexte de cette époque, il n’aurait pas été lié au témoignage des femmes. En revanche, les évangélistes rapportent simplement ce qui s’est passé : ce sont les femmes qui sont les premiers témoins. Cela nous dit que Dieu ne choisit pas selon les critères humains : les premiers témoins de la naissance de Jésus sont les pasteurs, des personnes simples et humbles ; les premiers témoins de la Résurrection sont les femmes. Et cela est beau. » C’est l’occasion pour le saint père de rappeler que les femmes ont sans doute ce rôle, cette mission privilégiée de transmettre cette bonne nouvelle de la résurrection en particulier aux enfants. En effet, la transmission de la foi ne se joue t’elle pas essentiellement dans la famille ? D’où cet appel : « Mères et femmes, allez de l’avant avec ce témoignage ! »
Cela le conduit à une réflexion plus large sur le rôle des femmes dans l’Eglise sur ce chemin de foi : « (…)en ouvrant les portes aux Seigneur, en le suivant et en communiquant sa Face, car le regard de la foi a toujours besoin du regard simple et profond de l’amour. Les apôtres et les disciples ont plus de difficultés à croire. Les femmes non. Pierre court au sépulcre, mais il s’arrête à la tombe vide ; Thomas doit toucher de ses mains les blessures du corps de Jésus. Dans notre chemin de foi aussi, il est important de savoir et de sentir que Dieu nous aime, de ne pas avoir peur de l’aimer : la foi se professe avec la bouche et avec le cœur, avec la parole et avec l’amour. »
Enfin, c’est le Christ qui apparaît, qui se rend présent dans les autres récits. On le reconnaît à ses plaies mais il a un corps glorieux… Et de fait, il mange mais semble traverser les murs et même si c’est bien lui, beaucoup ont du mal à la reconnaître aux premiers abords. Pensons aux disciples d’Emmaüs qui ne le reconnaissent qu’à la fraction du pain et qu’après avoir entendu sa Parole… Est-ce que nous croyons que Jésus est présent lorsque le prêtre rompt le pain alors que nous venons d’entendre sa Parole ? Est-ce que cette rencontre, nous transforme comme elle a transformé les premiers disciples ?
Savons-nous reconnaitre les « signes où le ressuscité se fait reconnaître » ? : « l’Écriture Sainte, l’Eucharistie, les autres sacrements, la charité, ces gestes d’amour qui portent un rayon du Ressuscité. Laissons-nous illuminer par la Résurrection du Christ, laissons-nous transformer par sa force, pour qu’à travers nous également, dans le monde, les signes de mort laissent place aux signes de vie »
Le pape lance alors un appel aux jeunes présents sur la place saint Pierre mais il nous concerne tous : « portez de l’avant cette certitude : le Seigneur est vivant et marche à nos côtés dans la vie. Telle est votre mission ! Portez de l’avant cette espérance. Soyez ancrés à cette espérance : cette ancre qui est dans le ciel ; tenez ferme la corde, soyez ancrés et portez de l’avant l’espérance. Vous, témoins de Jésus, portez de l’avant le témoignage que Jésus est vivant et cela nous donnera de l’espérance, donnera de l’espérance à ce monde un peu vieilli par les guerres, par le mal, par le péché. En avant les jeunes ! »