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22 avril 2013 1 22 /04 /avril /2013 16:41

J.png’ai pris un peu de retard dans mes notes ces dernières semaines, nous allons essayer de remédier à tout cela. Notre nouveau pape, le pape François, a décidé de continuer au cours des audiences du mercredi de poursuivre les catéchèses de l’année de la foi ouverte à l’automne dernier par Benoît XVI. Nous lirons aujourd’hui celle du 3 avril 2013.

En ce temps pascal (le temps de Pâques va du dimanche de Pâques jusqu’à l’Ascension de Jésus, 40 jours plus tard), il aborde le cœur de notre foi : la résurrection en partant de la formulation du credo : « Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Écritures ». C’est précisément l’événement que nous célébrons : la Résurrection de Jésus, cœur du message chrétien, qui a retenti depuis le début et a été transmis afin qu’il parvienne jusqu’à nous. » L’affirmation de foi la plus fondamentale est en effet celle-ci : Jésus, le Christ est mort et est ressuscité. C’est, comme l’écrit le souverain pontife «  le cœur de notre espérance. » Ce n’est pas anodin de rappeler la radicalité de cette affirmation aujourd’hui… car paradoxalement, de nombreux chrétiens me confient souvent douter de la résurrection. La mort est-elle une fin ? ai-je plusieurs vies et est-ce que je tends à croire à la réincarnation ? Le Christ Jésus n’a-t-il pas vaincu nos péchés et la mort ? Car, ne l’oublions pas, si le Christ est ressuscité, c’est pour que nous aussi nous ressuscitions dans notre chair ! «  Malheureusement, souvent on a tenté d’obscurcir la foi dans la Résurrection de Jésus, et parmi les croyants eux-mêmes se sont insinués des doutes. C’est un peu une foi « à l’eau de rose » comme on dit ; ce n’est pas une foi forte. Et cela par superficialité, parfois par indifférence, occupés par mille choses que l’on considère plus importantes que la foi, ou encore en raison d’une vision uniquement horizontale de la vie. Mais c’est précisément la résurrection qui nous ouvre à l’espérance la plus grande, car elle ouvre notre vie et la vie du monde à l’avenir éternel de Dieu, au bonheur total, à la certitude que le mal, le péché, la mort peuvent être vaincus. Et cela conduit à vivre avec davantage de confiance les réalités quotidiennes, à les affronter avec courage et application. La Résurrection du Christ illumine d’une lumière nouvelle ces réalités quotidiennes. La Résurrection du Christ est notre force ! » Bref, nous ne pouvons faire abstraction de la résurrection… Toute la liturgie pascale confirme cette espérance. Nous croyons en un Dieu vivant, qui donne la vie pas un Dieu mort, anéanti par le mal et le péché. C’est un Dieu victorieux de la mort que nous adorons et qui nous aide à surmonter comme le dit bien François les difficultés quotidiennes, les épreuves en particulier celles du deuil. Profitons donc de ce temps pascal pour méditer et approfondir le mystère de la résurrection de Jésus. Tous les textes qui nous sont offerts dans la liturgie peuvent nous y aider.

Le pape continue ensuite en réfléchissant sur la manière dont cette «  vérité de foi » nous a été transmise. Il distingue deux types de témoignages : « certains sont sous la forme de profession de foi, c’est-à-dire de formules synthétiques qui indiquent le cœur de la foi ; d’autres en revanche sont sous la forme de récit de l’événement de la Résurrection et des faits qui y sont liés »

La première forme est par exemple présente dans les épîtres (= lettres) de Paul. Mais le pape s’attarde aujourd’hui sur la seconde des formes qui est présente dans les évangiles et qui sont de réels témoignages. Il nous rappelle à l’occasion que les premiers témoins furent des femmes, ce sont les apôtres des apôtres comme on aime à dire dans l’Eglise. Il s’agit alors soit de la constatation du tombeau vide soit de la rencontre avec un ange, messager de la résurrection… Le Christ n’est pas ici ! Contrairement à saint Thomas par exemple, les femmes croient. C’est une adhésion de foi immédiate qui a pour conséquence la joie et la volonté de transmettre la nouvelle : le Christ est vivant ! Il est ressuscité ! Alléluia ! : « Les femmes sont poussées par l’amour et elles savent accueillir cette annonce avec foi : elles croient, et immédiatement la transmettent, elles ne la gardent pas pour elles, elle la transmettent. La joie de savoir que Jésus est vivant, l’espérance qui remplit le cœur, ne peuvent pas être réprimées. Cela devrait également être le cas dans notre vie. Nous ressentons la joie d’être chrétiens ! Nous croyons dans un Ressuscité qui a vaincu le mal et la mort ! Nous avons le courage de « sortir » pour apporter cette joie et cette lumière dans tous les lieux de notre vie ! La Résurrection du Christ est notre plus grande certitude ; c’est le trésor le plus précieux ! Comment ne pas partager ce trésor, cette certitude, avec les autres? Elle n’est pas seulement là pour nous, mais pour la transmettre, pour la donner aux autres, la partager avec les autres. C’est précisément là notre témoignage. » Souvent, les enfants du catéchisme trouvent cela plus normal que les adultes que nous sommes, mais en effet, comment résister à l’envie, au désir de partager, de dire, d’annoncer une Bonne Nouvelle ? Ne sommes-nous pas parfois un peu frileux ?

Le saint père continue : « Dans les professions de foi du Nouveau Testament, seuls des hommes sont rappelés comme témoins de la Résurrection, les apôtres, mais pas les femmes. C’est parce que, selon la loi judaïque de cette époque, les femmes et les enfants ne pouvaient pas rendre un témoignage fiable, crédible. Dans les Évangiles, en revanche, les femmes ont un rôle primordial, fondamental. Nous pouvons ici saisir un élément en faveur de l’historicité de la Résurrection : s’il s’agissait d’un fait inventé, dans le contexte de cette époque, il n’aurait pas été lié au témoignage des femmes. En revanche, les évangélistes rapportent simplement ce qui s’est passé : ce sont les femmes qui sont les premiers témoins. Cela nous dit que Dieu ne choisit pas selon les critères humains : les premiers témoins de la naissance de Jésus sont les pasteurs, des personnes simples et humbles ; les premiers témoins de la Résurrection sont les femmes. Et cela est beau. » C’est l’occasion pour le saint père de rappeler que les femmes  ont sans doute ce rôle, cette mission privilégiée de transmettre cette bonne nouvelle de la résurrection en particulier aux enfants. En effet, la transmission de la foi ne se joue t’elle pas essentiellement dans la famille ? D’où cet appel : « Mères et femmes, allez de l’avant avec ce témoignage ! »

Cela  le conduit à une réflexion plus large sur le rôle des femmes dans l’Eglise sur ce chemin de foi : «  (…)en ouvrant les portes aux Seigneur, en le suivant et en communiquant sa Face, car le regard de la foi a toujours besoin du regard simple et profond de l’amour. Les apôtres et les disciples ont plus de difficultés à croire. Les femmes non. Pierre court au sépulcre, mais il s’arrête à la tombe vide ; Thomas doit toucher de ses mains les blessures du corps de Jésus. Dans notre chemin de foi aussi, il est important de savoir et de sentir que Dieu nous aime, de ne pas avoir peur de l’aimer : la foi se professe avec la bouche et avec le cœur, avec la parole et avec l’amour. »

 

            Enfin, c’est le Christ qui apparaît, qui se rend présent dans les autres récits. On le reconnaît à ses plaies mais il a un corps glorieux…  Et de fait, il mange mais semble traverser les murs et même si c’est bien lui, beaucoup ont du mal à la reconnaître aux premiers abords. Pensons aux disciples d’Emmaüs qui ne le reconnaissent qu’à la fraction du pain et qu’après avoir entendu sa Parole… Est-ce que nous croyons que Jésus est présent lorsque le prêtre rompt le pain alors que nous venons d’entendre sa Parole ? Est-ce que cette rencontre, nous transforme comme elle a transformé les premiers disciples ?

Savons-nous reconnaitre les « signes où le ressuscité se fait reconnaître » ? : « l’Écriture Sainte, l’Eucharistie, les autres sacrements, la charité, ces gestes d’amour qui portent un rayon du Ressuscité. Laissons-nous illuminer par la Résurrection du Christ, laissons-nous transformer par sa force, pour qu’à travers nous également, dans le monde, les signes de mort laissent place aux signes de vie »

Le pape lance alors un appel aux jeunes présents sur la place saint Pierre mais il nous concerne tous : « portez de l’avant cette certitude : le Seigneur est vivant et marche à nos côtés dans la vie. Telle est votre mission ! Portez de l’avant cette espérance. Soyez ancrés à cette espérance : cette ancre qui est dans le ciel ; tenez ferme la corde, soyez ancrés et portez de l’avant l’espérance. Vous, témoins de Jésus, portez de l’avant le témoignage que Jésus est vivant et cela nous donnera de l’espérance, donnera de l’espérance à ce monde un peu vieilli par les guerres, par le mal, par le péché. En avant les jeunes ! »

 

 

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18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 14:19

A.pngprès avoir abordé la question de l’involontaire, il nous fait prendre en compte ce qu’on appelle le volontaire indirect. Prenons un exemple là encore très classique, je bois (action voulue), je prends ma voiture (action voulue quoique peut être peu réfléchie sous l’action de l’alcool), je provoque un accident ( action non voulue). Le volontaire indirect résulte d’une action volontaire.  Se posent donc la question de la responsabilité de la personne mais aussi celle de l’extension du volontaire et ses conséquences.  Cela nous conduira aussi plus tard à réfléchir sur les actes intrinsèquement mauvais.

Ceci est traité dans le CEC au n° 1737: « Un effet peut être toléré sans être voulu par l’agent, par exemple l’épuisement d’une mère au chevet de son enfant malade. L’effet mauvais n’est pas imputable s’il n’a été voulu ni comme fin ni comme moyen de l’action, ainsi la mort reçue en portant secours à une personne en danger. Pour que l’effet mauvais soit imputable, il faut qu’il soit prévisible et que celui qui agit ait la possibilité de l’éviter, par exemple dans le cas d’un homicide commis par un conducteur en état d’ivresse. »

La question est aussi de savoir si je dois renoncer à poser une action bonne ou indifférente si celle-ci a pour conséquence une action mauvaise. Ou au contraire puis-je poser une action « mauvaise » si les conséquences sont bonnes ? C’est donc une réflexion sur les moyens, les fins prochaines et la fin ultime basée sur la distinction fondamentale en morale scolastique et chez Jean Paul II dans Veritatis Splendor entre la « finsi operis » et la « finis operantis. ». Nous avions déjà parlé des grands principes de la moralité parmi lesquels on trouve celui du double effet. Ce principe prend en compte le fait qu’une action bonne peut produire une action mauvaise et en même temps une action bonne.  

Avant d’entrer dans les détails, rappelons qu’historiquement cette question un susciter de graves conflits au sein de l’Eglise depuis essentiellement le Concile de Trente ( 1545-1563). Comment peut-on supporter moralement un acte à double effet ? On élabore une série de conditions pour qu’il soit donc moralement acceptable :

-          L’acte doit être effectivement bon (ou au moins indifférent).

-          L’intention doit être droite. L’effet mauvais n’est ni voulu ni recherché.

-          L’effet mauvais ne peut venir après l’effet bon. Il doit être au moins concomitant.

-          Il faut un motif proportionnellement grave pour mettre en œuvre un acte qui a un effet moralement mauvais.

On voit bien qu’en aucun cas, la fin ne justifie les moyens et qu’on ne peut envisager de poser un acte mauvais même si l’effet est bon. Saint Paul évoque ce cas dans son épître aux Romains ( Rm 3,8) : «  Ou bien, comme certains nous accusent outrageusement de le dire, devrions-nous faire le mal pour qu’en sorte le bien ? Ceux-là méritent leur condamnation. »

C’est à ce titre par exemple que l’expérimentation humaine est interdite pour l’Eglise. On ne peut sacrifier une personne, une minorité même pour le bien d’un plus grand nombre. On voit bien que la logique chrétienne s’oppose à la logique utilitariste du plus grand bien possible pour le plus grand nombre. Il nous suffit de penser à la parabole de la brebis perdue. Le berger est près à abandonner ses 99 brebis pour en sauver une. Cela dépasse quelque peu nos intelligences pratiques d’occidentaux. On voit aussi bien que la difficulté est de saisir l’acte dans sa réalité complexe : non seulement selon son objet, son intention mais aussi dans l’immense champs des circonstances et des conséquences… Or un acte humain revêt une amplitude extraordinaire dont nous n’avons pas toujours conscience. Derrière tout cela, c’est la question du proportionnalisme et du conséquentialisme où le bon doit toujours être proportionnellement supérieur au mal qu’il engendre. Il nous faut sans cesse nous poser la question des conséquences et reprendre la question du philosophe Jonas : «  Quel monde laisserons-nous à nos enfants ? »

            Pouvons-nous prendre en compte les conséquences pour juger moralement un acte ? L’effet ajoute  t’il à la malice ou la bonté de l’acte qui se définit classiquement par son objet, son intention et ses circonstances ? En fait, si l’effet est prévu, il entre dans le champ du vouloir et est donc analysable. Il peut être directement voulu ou indirectement voulu. S’il est inévitable, il fait alors partie intégrante de l’objet de l’acte et le quantifie. S’il est rare ou accidentel, il ne renvoie pas à l’objet de l’acte.

Un premier obstacle surgit…. Comment mesurer toutes les conséquences ? Peut-on prendre en compte toutes les conséquences. La morale classique affirmait qu’il existait  des conséquences imprévues pouvant résulter de plusieurs facteurs. N’est ce pas un rêve de toute puissance que de croire que l’on peut maîtriser toutes les conséquences ? Acceptons-nous dans nos vies quotidiennes et professionnelles les conséquences qui nous échappent ? Cela nous conduit-il encore une fois à refuser d’user de notre liberté et de notre volonté en suspendant nos décisions et nos engagements ? Pouvons-nous être responsables mais non coupables ? Savons-nous que nous pouvons être responsables d’un point de vue juridique mais non moralement car l’éthique et le droit ne se confondent pas contrairement à ce qu’on nous laisse croire ? Quand sommes-nous responsables moralement d’un point de vue des conséquences ? Et bien, il faut les effets mauvais et non voulus aient été prévus au moins confusément. Que le sujet ait eu effectivement la possibilité de prévoir les effets mauvais et d’intervenir et enfin que le sujet ne les ait pas empêché.

            Cela peut vous paraître encore une fois bien fastidieux mais de nombreuses choses sont en jeu derrière ces questions. Ce n’est pas pour rien que Jean Paul II y consacre plusieurs numéros de son encyclique Veritatis Splendor car c’est en parallèle la question des sources de la moralité  et celle de l’existence d’actes intrinsèquement mauvais. Nous verrons tout cela dans notre prochain article. En attendant, un aperçu avec Jean Paul II :

« 74. Mais de quoi la qualification morale de l'agir libre de l'homme dépend-elle ? Par quoi cette orientation des actes humains est-elle assurée ? Par l'intention du sujet qui agit, par les circonstances — et en particulier par les conséquences — de son agir, ou par l'objet même de son acte ?

C'est là ce qu'on appelle traditionnellement le problème des « sources de la moralité ». Précisément face à ce problème, ces dernières décennies, se sont manifestées, ou répétées, de nouvelles orientations culturelles et théologiques qui exigent un sérieux discernement de la part du Magistère de l'Eglise.

Certaines théories éthiques, appelées « téléologiques », se montrent attentives à la conformité des actes humains avec les fins poursuivies par l'agent et avec les valeurs qu'il admet. Les critères pour évaluer la pertinence morale d'une action sont obtenus par la pondération des biens moraux ou pré-moraux à atteindre et des valeurs correspondantes non morales ou pré-morales à respecter. Pour certains, le comportement concret serait juste, ou erroné, selon qu'il pourrait, ou ne pourrait pas, conduire à un état de fait meilleur pour toutes les personnes concernées : le comportement serait juste dans la mesure où il entraînerait le maximum de biens et le minimum de maux.

De nombreux moralistes catholiques qui suivent cette orientation entendent garder leurs distances avec l'utilitarisme et avec le pragmatisme, théories pour lesquelles la moralité des actes humains serait à juger sans faire référence à la véritable fin ultime de l'homme. A juste titre, ils se rendent compte de la nécessité de trouver des argumentations rationnelles toujours plus cohérentes pour justifier les exigences et fonder les normes de la vie morale. Cette recherche est légitime et nécessaire, du moment que l'ordre moral fixé par la loi naturelle est par définition accessible à la raison humaine. Au demeurant, c'est une recherche qui correspond aux exigences du dialogue et de la collaboration avec les non-catholiques et les noncroyants, particulièrement dans les sociétés pluralistes. »

 

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15 mars 2013 5 15 /03 /mars /2013 09:07

N.pngous avons découvert hier que le Catéchisme de l’Eglise Catholique précisait au n°1735 qu’il existait une série d’éléments qui pouvaient diminuer voire supprimer le caractère volontaire de l’acte et par là même réduire la responsabilité de l’agent. Nous avons déjà parlé des craintes, de la violence, de l’ignorance et de l’inadvertance.

 

Poursuivons notre réflexion… Mais avant de parler des habitudes, je voudrai faire un détour par ce qu’on appelle le caractère. Peut-être avez-vous déjà procédé aux tests qui déterminent si vous êtes sanguin, flegmatique, colérique… Subissons-nous notre caractère au sens où il pourrait déterminer nos actions. Or s’il y a déterminisme, il y a un caractère involontaire. Le caractère, c’est ce qu’on appelle la « première nature », Xavier Thévenot écrivait : « mon caractère est ma façon de choisir que je ne choisis pas. ». Et en effet, celui-ci marque mes décisions dans la mesure où il influence ma façon de désirer, de voir les choses… Le caractère regroupe plusieurs données : dispositions innées, personnalité mais plutôt que d’y voir un déterminisme, il faudrait le concevoir comme la base de la liberté humaine. C’est sur cette base que ma liberté s’actualise. Bref, vous ne pouvez en aucun cas légitimer une action mauvaise ou excuser un acte mauvais sous couvert de personnalité.  De fait, je ne choisis pas ce caractère mais je suis libre d’en faire ce que je veux : je peux le maîtriser, le faire évoluer grâce aux efforts, aux vertus. Je serais en quelque sorte nerveusement lâche ou nerveusement courageux mais c’est bien moi qui ai choisi la lâcheté ou le courage. Le caractère n’est donc pas déterminisme car mon tempérament me laisse encore la possibilité de choisir.

Il ne faut pas nier cette personnalité mais la prendre en compte et développer sa liberté à l’intérieur de celle-ci. C’est encore une fois une question de connaissance de soi qui est humilité c’est-à-dire vérité sur soi-même. Cette connaissance de soi conduit à une réalisation de soi au sein de cette connaissance qui est prise de conscience de sa finalité personnelle authentique. Personne n’est exclu de la vie morale en raison de son caractère, pensons par exemple à sainte Thérèse de l’Enfant Jésus pour qui ce n’était pas gagné ! Il est inutile de se révolter contre son caractère…. Voyons-nous notre personnalité comme une limite ou comme la marque de notre caractère unique ?

 

Nous parvenons ainsi aux habitudes que l’on appelle parfois la « seconde nature ». C’est la répétition d’actes qui peut devenir une manière d’être. C’est de l’ordre de l’irréfléchi et non de l’inconscient. L’habitude peut être mentale, intellectuelle, motrice, vertueuse… L’habitude est donc marquée par l’involontaire mais est volontaire au sens où elle résulté d’un exercice répété. Elle a côté très positif, c’est la base de notre éducation au sens large car l’habitude facilité l’effort, pensons aux sportifs ou un jeune qui a pris l’habitude de travailler… L’habitude procure de la spontanéité à l’acte. En moral, cela peut être très bénéfique. Cependant, on peut prendre l’habitude d’une action mauvaise : mentir par exemple…

L’habitude possède un côté très ambivalent. Elle est négative lorsqu’elle vide l’acte de sa consistance, lorsqu’elle devient automatisme asservissant… Routine pesante qui empêche tout changement, toute création. Il y a donc de « bonnes » et de « mauvaises habitudes ». Car comme l’écrivait un jour Mgr Léonard, l’habitude est à la foi « secours » et « menace ».  Il nous faut encore une fois trouver l’équilibre.

 

Reste enfin ce que l’on pourrait appeler les passions : émotions, affects, sentiments… Nous sommes dans le registre de l’affect et du sensible. Le mot passion renvoie à une notion de « passivité » qui nous conduit à concevoir souvent la passion comme un obstacle à notre liberté, à  notre volonté. Les mouvements de la passion seraient involontaires et totalement subis par le sujet. En réalité, la passion n’est pas négative. Elle est énergie bien nécessaire justement à activer notre volonté. La passion n’est pas contraire à la raison et ne nous entraîne pas systématiquement au mal… C’est encore une fois l’usage et la maîtrise de celle-ci qui compte. Est-ce que je laisse la passion aveugler ma raison et obscurcir  ma saisie du réelle ou est ce une force que j’utilise dans ma prise de décision ? Il faut faire attention aux deux excès : asservissement et apathie. Notez que de fait le CEC parle d’ « affections immodérées » : il s’agit donc non d’une condamnation des passions, des sentiments mais de leur excès. L’absence totale de passions est en quelque sorte inhumaine.

 

Dans notre réflexion sur les empêchements au volontaire, nous aurions pu parler de l’inconscient mais par définition il échappe au conscient et donc à la volonté, au déterminisme social (pensons à Bourdieu…), aux maladies mentales, psychotiques, névrotiques qui peuvent affecter raison/conscience et donc la volonté et enfin la question plus délicate des tendances sexuelles (homosexualité) ou des difficultés-déviances sexuelles (phantasmes envahissants, pédophilie…). De quelle manière les personnes sont responsables des actes qui découlent de ces tendances ou difficultés ? Quelles en sont les causes ? causes éducatives, géntiques, régressions psycho-affectives, fragilités psychologiques, fragilités morales, dérèglement ou spécificité physiologique et hormonale…etc ? Pour l’instant, la recherche au sens large n’a pas été très convaincante ? Nous sommes encore  un peu dans le flou… Ce qui est certain, c’est que le sujet n’est pas responsable de la tendance qui le marque en revanche il est responsable comme chaque être humain de l’usage qu’il en fait. Dire qu’il n’a aucun choix c’est annihiler sa liberté, c’est supprimer sa dignité humaine et c’est donc extrêmement dangereux.

La tendance sexuelle tout comme le caractère n’est pas imputable à la personne, ce qui est peccamineux ( de l’ordre du péché, de la faute) ou imputable c’est ce qui découle du volontaire.

 

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14 mars 2013 4 14 /03 /mars /2013 12:44

N.pngous avons essayé dans les précédents articles de réfléchir sur la notion de liberté en particulier dans le texte Veritatis Splendor. Aujourd’hui, nous nous pencherons sur la question de la volonté et plus particulièrement des empêchements au volontaire.

La volonté oriente la liberté et surtout engage la responsabilité, c’est donc une donnée fondamentale en morale. En effet, sommes-nous responsables d’une action involontaire ? La volonté se comprend donc en lien avec l’intention. Pour que l’acte soit volontaire, il faut aussi prendre en compte sa relation avec la raison ; il faut en effet que l’agent/le sujet connaisse la fin de l’acte. On comprend alors pourquoi la volonté suppose la liberté. On peut distinguer à la suite de saint Thomas d’Aquin  plusieurs phases au sens même de l’acte volontaire : intention, élection (je choisis), exécution.

 

La volonté cependant n’est pas une donnée brute et peut être aveuglée par des passions et influencée par certaines formes de déterminisme (social ?). On trouve des actions « non volontaires » et des actions « involontaires ». Les premières ne nous intéresseront pas car en réalité ce ne sont pas des actes humains à proprement dit. Le sujet ne raisonne plus dans ce cas. L’acte involontaire va en quelque sorte contre la volonté de l’agent. Pensons à saint Paul qui affirme : «  vraiment ce que je fais je ne le comprends pas : car je ne fais pas ce que je veux, mais je fais ce que hais. (…) je ne fais pas le bien que je veux et je commets le mal que je ne veux pas. Or si je fais ce que je ne veux pas, ce n’est plus moi qui accomplis l’action mais le péché qui habite en moi. » (Rm 7, 15-20)

C’est pour cette raison que le Catéchisme de l’Eglise Catholique (CEC) envisage les éléments qui peuvent diminuer voire supprimer la responsabilité. Si vous voulez l’acte demeure mauvais mais l’agent n’est pas « responsable ». Avant de clarifier ces empêchements au volontaire, notez que le « ne pas vouloir » ou le « vouloir ne pas » ne sont pas des actions involontaires mais une action volontaire qui consiste à ne pas vouloir, à ne pas agir. En d’autres termes, une « non-action » est une action volontaire. Nous pouvons donc être « responsables » des actions que nous n’avons pas posées et que nous aurions pu poser. Nous avions déjà évoqué ce cas lorsque nous avions parlé du péché d’omission.

 

Quels sont ces empêchements ? Que dit le CEC ?

« 1734 La liberté rend l’homme responsable de ses actes dans la mesure où ils sont volontaires. Le progrès dans la vertu, la connaissance du bien et l’ascèse accroissent la maîtrise de la volonté sur ses actes.

1735 L’imputabilité et la responsabilité d’une action peuvent être diminuées voire supprimées par l’ignorance, l’inadvertance, la violence, la crainte, les habitudes, les affections immodérées et d’autres facteurs psychiques ou sociaux.

1736 Tout acte directement voulu est imputable à son auteur : (…) Une action peut être indirectement volontaire quant elle résulte d’une négligence à l’égard de ce qu’on aurait dû connaître ou faire, par exemple un accident provenant d’une ignorance du code de la route. »

Voici donc trois articles fondamentaux. Le dernier évoque le volontaire indirect que nous ne pourrons traiter aujourd’hui ; quant à l’article 1735, il énumère ces fameux empêchements au volontaire : ignorance, inadvertance, violence, crainte, habitudes, affections immodérées, facteurs pyscho-sociaux.

 

            Le catéchisme distingue donc l’ignorance et l’inadvertance qui tous deux jouent sur la clarté de l’intelligence (raison) et de la conscience.

 

 L’inadvertance, c’est un défaut de l’attention ; c’est une « étourderie » plus ou moins grave. Est-ce un oubli ? une inattention ? A quoi sont dus ces faits ? maladie ? préoccupation ? L’inadvertance touche une connaissance que l’on a habituellement.

 

L’ignorance c’est au contraire la privation de la connaissance. En morale, cette privation est très importante car normalement le sujet en a besoin pour agir bien, selon des règles éthiques. On peut distinguer l’ignorance de fait et l’ignorance du droit ( droit divin, droit naturel ou droit positif…). St Thomas dans son De Malo donne  l’exemple d’un homme qui ignore que l’adultère est un péché. Il ignore le précepte. L’ignorance peut aussi porter sur la gravité de l’acte ou sur la peine/sanction possible. Par exemple, beaucoup de personnes ignorent que procurer un avortement conduit selon le Code de Droit Canon à ce qu’on appelle une excommunication latae sententiae (can 1398).

 Pour l’ignorance du fait, St Thomas poursuit son exemple de l’adultère et pense à un homme qui sait que l’adultère est un péché mais qui le commet sans savoir qu’il le commet. Un peu confus ? En gros, l’homme pense s’unir à sa femme (mais il doit fait très sombre dans la chambre) et il s’unit à une autre… L’homme doit être de bonne foi.

Vous me direz alors, mieux ne vaut pas savoir et en restant dans l’ignorance, on n’est peu ou jamais responsable ? Outre  le fait que ce serait un peu facile, le but tout de même de l’homme est de s’humaniser davantage et cela ne peut passer que par l’usage de la liberté et de la volonté qui grandissent au fur et à mesure que  notre ignorance du bien recule.

Notez aussi que l’on va distinguer l’ignorance vincible et l’ignorance invincible, celle qui peut être vaincue et celle qui ne peut l’être…. Si l’ignorance est vincible et que nous en sommes responsables (nous n’avons rien fait pour sortir de notre ignorance) alors nous sommes coupables. C’est une ignorance de mauvaise foi. Cela peut être modulé en fonction de l’aspect direct ou indirect… En revanche, l’ignorance invincible est non coupable car la personne a tout mis en œuvre pour s’informer, connaître mais il ne peut pour X raisons sortir de son ignorance. Ainsi, on pourrait établir des degrés dans l’ignorance :

-           L’ignorance affectée : elle est délibérée, c’est la plus grave.

-          L’ignorance crasse du latin « crassa val supina », c’est la « couche épaisse ». C’est un négligence coupable car on ne veut prendre aucun moyen pour en sortir.

-          L’ignorance vincible simpliciter ; elle résiste à de réelles efforts mais souvent insuffisants. On est plus ou moins responsable selon notre négligence.

-          L’ignorance invincible.

Enfin, une dernière distinction est nécessaire pour bien comprendre l’ignorance. Celle qui sépare l’ignorance antécédente, l’ignorance concomitante et l’ignorance conséquente

Dans le premier cas, le sujet n’aurait pas agit s’il avait su. St Thomas prend l’exemple du chasseur qui n’aurait pas tiré s’il avait su avant qu’un homme se trouvait dans les fourrés…

La deuxième est assez particulière. Le sujet est dans la disposition d’agir ainsi même s’il ignorait ce qui est arrivé. En gros, le chasseur ignore que quelqu’un est dans les fourrés mais il se trouve que ce quelqu’un est son pire ennemi qu’il avait bien envie de tuer...La dernière se confond avec l’ignorance vincible car c’est une ignorance à la suite d’une négligence à connaître.

Ces différents types d’ignorance sont importants car ils permettent d’évaluer la liberté en jeu et donc la responsabilité plus ou moins grande de la personne. L’ignorance si elle affecte la volonté n’excuse pas tout pour autant. Elle diminue le volontaire et donc la faute mais ne rend pas « bon » un acte « mauvais ». Peut-on ignorer la loi est une autre question ? Nul n’est sensé ignorer la loi comme dit l’adage. Cela dit d’un point de vue juridique, nous pouvons être coupables mais ne pas être imputables au niveau de la conscience (niveau moral), cela ne signifie pas qu’on ne doit pas subir la peine. Le droit ne se confond pas avec la morale.

 

Vient ensuite la violence. Cela signifie qu’il existe un principe extérieur qui force la personne à agir contre sa volonté. La personne n’est donc pas responsable sauf si nous sommes dans le cas de « douces violences » où il y a une forme d’acquiescement de la part de la personne. Reste une question de définition de la violence et de savoir où jusqu’où peut-elle aller ? ( violences physiques mais aussi morales…).

 

Le CEC évoque alors la crainte. La crainte peut revêtir là encore différents degrés : trac, inquiétude, anxiété, peur paralysante, angoisse…. S’agit-il d’un danger réel ou imaginaire ? Est-ce une peur rationnelle, irrationnelle, d’ordre existentielle (peur de mourir, peur de la souffrance…) ? Toutes n’affectent pas la volonté de la même façon. La peur qui fait perdre la raison est involontaire et donc enlève la responsabilité. L’exemple classique est une femme surprise dans un incendie qui jette par la fenêtre dans un mouvement de peu panique son enfant pour le sauver… Elle ne voulait pas lui faire du mal.

La peur diminue mais ne supprime en général pas la responsabilité car il s’agit plutôt d’un obscurcissement de la raison. Existe-t-il des peurs positives comme le souligne le philosophe Hans Jonas dans son Heuristique de la peur ? En effet, si elle conduit à certains moments à la paralysie ne peut-elle être un dynamisme d’action parfois ? Si la peur s’articule avec la violence, nous ne sommes pas alors tout à fait dans le même cas non plus puisque la violence peut supprimer tout consentement.

 

Voilà pour aujourd’hui, demain les habitudes, le caractère et les passions…

 

 

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11 mars 2013 1 11 /03 /mars /2013 14:38

D.pngemain, les cardinaux électeurs seront « enfermés » dans la chapelle Sixtine et une partie de la Cité de saint Pierre, au Vatican, pour procéder à l’élection du nouveau souverain pontife. Cette élection est pour nous aujourd’hui l’occasion de clarifier un peu le fonctionnement de ce qu’on appelle la curie romaine.  Pour nous aider, il existe entre autres un document que l’on appelle le Code de Droit Canon.

 

 

       Le pape, tout d’abord, est à la fois évêque de Rome et chef de l’Eglise catholique. Il est aussi chef d’état, chef du Vatican. Il est élu par les cardinaux. Il lui faut obtenir les deux-tiers des voix en sachant que contrairement aux élections présidentielles, il n’y a pas de candidat ni de campagne.

Pour aider le pape dans sa mission et sa fonction, il y a ce qu’on appelle donc la curie romaine qui est en résumé l’ensemble des organismes appelés dicastères. : « Dans l'exercice de son pouvoir suprême, plénier et immédiat sur l'Eglise universelle, le Pontife Romain se sert des Dicastères de la Curie romaine; c'est donc en son nom et par son autorité que ceux-ci remplissent leur charge pour le bien des Eglises et le service des Pasteurs. »(Christus dominus,9)

 

       Le dicastère le plus proche du pape pour l’aider dans sa mission est la secrétairerie d’Etat qui existe au moins depuis le XVème siècle. Si le Concile Vatican II apporta de nombreux changements dans l’organisation de la curie, c’est le pape Jean Paul II qui la réforma avec la constitution Pastor Bonus. Il divisa entre autres la Secrétairerie d’Etat en en deux sections : la Section pour les Affaires Générales et la Section pour les Relations avec les Etats, où vint se fondre le Conseil pour les Affaires Publiques de l'Eglise. La Secrétairerie d'Etat est présidée par un Cardinal qui prend le titre de Secrétaire d'Etat. Premier collaborateur du Pape dans le gouvernement de l'Eglise universelle, il peut même en certaines circonstances représenté le pape en personne.

La section pour les Affaires générales est quant à elle dirigée par un Archevêque, le Substitut pour les Affaires générales, aidé par un Prélat, l'Assesseur pour les Affaires générales. La section pour les relations avec les Etats et elle dirigée par dirigée par un Archevêque, le Secrétaire pour les Relations avec les Etats, aidé par un Prélat, le Sous-Secrétaire pour les Relations avec les Etats, et assisté par des Cardinaux et par des Evêques. Pour leurs rôles spécifiques, vous pouvez consulter les articles 41 à 47 de Pastor Bonus.

 

          Après la secrétairerie d’Etat, il existe   9 congrégations.

En premier lieu, relevons la congrégation pour la doctrine de la foi qui est la plus ancienne et appelée pendant très longtemps « Sacrée Congrégation de l'Inquisition romaine et universelle ». Pie X, au début du vingtième siècle en avait déjà changé le nom en « Sacrée Congrégation du Saint-Office ». Quel est son rôle ? Il s‘agit de « de promouvoir et de protéger la doctrine et les mœurs conformes à la foi dans tout le monde catholique: tout ce qui, de quelque manière, concerne ce domaine relève donc de sa compétence».

La Congrégation est constituée, pour le moment, de 23 membres cardinaux, archevêques et évêques provenant de 17 nations diverses. On trouve un « préfet », un « secrétaire », un « sous-secrétaire » et « un promoteur de Justice. ». Cette congrégation comporte aussi 47 autres personnes, "Ufficiali", "Scrittori", "Ordinanze" ; ainsi qu’un d'un collège de 28 consulteurs, professeurs des Universités pontificales romaines, experts dans les diverses disciplines ecclésiastiques et originaires de différents pays.

Elle est divisée en trois sections qui sont en fait trois secteurs de compétence : doctrinale, disciplinaire et matrimoniale. Notez enfin que le préfet de le Congrégation pour la Doctrine de la foi est aussi président de La commission Biblique Pontificale et de la Commission Théologique Internationale.

Un certain nombre de commissions dépendent de cette congrégation : la commission biblique pontificale, la CTI ( Commission théologique internationale), la commission pontificale « ecclesia dei », la commission interdicastériale pour le Catéchisme de l’Eglise Catholique que nous ne pouvons pas détailler aujourdhui.

 

Voici ensuite les huit autres congrégations : pour le clergé, pour les évêques, pour les églises orientales, pour le culte divin et discipline des sacrements, pour la cause des saints, pour l’évangélisation des peuples qui comprend les œuvres pontificales missionnaires, pour l’éducation catholique et  pour les instituts pour la vie consacrée et sociétés de vie apostolique.

Elles sont toutes structurées un peu de la même manière, en général un cardinal-préfet accompagné d’un secrétaire puis composée de cardinaux, archevêques, évêques. Précisons le rôle de la congrégation pour les églises orientales qui a pour but de : « de se mettre en liaison avec les Églises orientales catholiques pour en favoriser la croissance, en sauvegarder les droits, et maintenir vivants et intègres dans l'Église Catholique, à côté du patrimoine liturgique, disciplinaire et spirituel de l'Église latine, ceux aussi des différentes traditions chrétiennes orientales. ». Elle est dirigée par un cardinal préfet accompagné d’un secrétaire. Elle est composée de 27 Cardinaux, un Archevêque et 4 Évêques, désignés par le Pape ad quinquennium. Sont membres de droit les Patriarches et les Archevêques Majeurs des Églises Orientales et le Président du Conseil Pontifical pour la promotion de l'unité des Chrétiens.

 

      Après les congrégations, nous trouvons trois tribunaux : la pénitencerie apostolique, le tribunal suprême de la signature apostolique et le tribunal de la Rote Romaine.

Qu’est ce que la pénitencerie apostolique ? « la compétence du Tribunal de la Pénitencerie comprend tout ce qui touche au for interne même non sacramentel et en outre tout ce qui a trait aux concessions et à l'usage des indulgences, sauf le droit de la Congrégation de la Doctrine de la Foi d'examiner tout ce qui regarde la doctrine dogmatique autour des indulgences. » . Comment fonctionne t’elle ? « Le Régent avec deux Officiels examine chaque pratique dans le Congrès quotidien; les Prélats de la Pénitencerie se réunissent périodiquement sous la présidence du Cardinal Pénitencier Majeur, avec lequel ils forment le Conseil, dans l'assemblée dite  Signatura Paenitentiariae Apostolicae, pour examiner les pratiques qui, présentant des difficultés particulières, requièrent une étude approfondie. »

 

            Il existe par ailleurs des conseils pontificaux : pour les laïcs, pour la Promotion de l’unité des chrétiens, pour la famille, « Justice et paix », « Cor unum », pastorale des migrants et des personnes en déplacement, pastorale des service de la santé, textes législatifs, dialogue inter-religieux, Culture, communications sociales, promotion de la nouvelle évangélisation. Notez que ces conseils se retrouvent sous un peu près les mêmes formes dans les services diocésains. Pour chaque conseil, on trouve encore une fois un président, un secrétaire et un sous-secrétaire ainsi que des cardinaux, archevêques et évêques ainsi que d’autres personnes. Par exemple, le conseil pontifical pour la famille comprend à l’heure actuelle 19 couples mariés et des « consulteurs ».

 

            Dans les institutions, on prend aussi en compte le synode des évêques, c’est-à-dire l’ensemble des évêques du monde entier : « D'une manière générale, on peut définir le Synode comme une assemblée d'évêques représentant le Corps épiscopal de l’Église catholique dont la tâche est d'aider le Pape, en vertu de ses fonctions d’Évêque de Rome et de Tête du Collège épiscopal, dans le gouvernement de l'Église universelle en lui apportant leurs conseils. »

 

            Nous en avons déjà parlé au moment des congrégations, ce sont les commissions. En voici la liste complète : « ecclesia dei », commission pontificale pour l’archéologie sacrée, Commission Pontificale Biblique, Commission théologique internationale, commission interdicastériale pour le catéchisme catholique, commission pontificale pour l’Amérique latine.

 

           Il existe bien entendu des services administratifs, la garde suisse pontificale et un bureau central du travail.

 

         Enfin parlons des académies pontificales : académie pontificale des Sciences, académie pontificale des sciences sociales, académie pontificale pour la vie, académie pontificale saint Thomas d’Aquin, académie pontificale de Théologie, académie pontificale de l’Immaculée, académie pontificale mariale internationale, académie pontificale romaine d’archéologie, académie pontificale « cultorum martyrum », académie pontificale ecclésiastique,  académie pontificale de Latinité et l’Insigne Académie pontificale des Beaux-arts et des lettres des virtuoses au Panthéon.

 

 

Tout cela peut vous paraître fasitidieux mais cela nous aide à comprendre la collégiallité et aussi bien saisir que le pape ne décide pas seul arbitrairement comme semble le croire bon nombre de personnes. Il est aidé par de  nombreux conseillers, spécialistes, théologiens...

 

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8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 17:18

N.pngous avons parlé ces derniers temps des couleurs liturgiques, des vêtements liturgiques, du dimanche. Tout cela pour arriver à un  point qui va nous intéresser un certain temps : la messe ou eucharistie. Ce mot « eucharistie » est un mot grec qui signifie « action de grâces » ou en français courant « merci ! »

L’eucharistie c’est comme le rappelle le Concile Vatican II la  « source et  (le) sommet de toute la vie chrétienne ». Nous ne  pouvons faire abstraction de l’eucharistie, c’est le cœur du mystère de l’Eglise, nous ne pouvons vivre pleinement notre foi, grandir spirituellement sans participer au « saint sacrifice de la messe. ». Le pape Jean Paul II a écrit à ce sujet une belle encyclique en 200 3 : ecclesia de eucharistia et de nombreux textes de Benoît ont approfondi l’eucharistie en particulier dans son rapport avec le baptême et la confirmation.

Si vous voulez vous plongez dans ces questions, quelques documents indispensables, cette encyclique de Jean Paul II, un missel romain, les textes du Concile que la sainte liturgie et l’instruction «  Redemptionis Sacramentum- La liturgie de l’eucharistie, sacrement de l’eucharistie. ».

Jean Paul II nous rappelle aussi que l’eucharistie est « le sacrement par excellence du mystère pascal ». Notre montée vers Pâques peut être une redécouverte de ce sacrement qui est notre véritable nourriture spirituelle avec la Parole de Dieu. Nous n’entrerons pas en détail de l’encyclique du pape aujourd’hui mais relevons ces têtes de chapitres qui nous éclairent sur le sens profond de l’eucharistie :

-          Chapitre I : mystère de la foi.

-          Chapitre II : l’eucharistie édifie l’Eglise.

-          Chapitre III : L’apostolicité de l’eucharistie et de l’Eglise.

-          Chapitre IV : l’eucharistie et la communion ecclésiale.

-          Chapitre V : la dignité de la célébration eucharistique.

-          Chapitre VI : A l’école de Marie, femme eucharistique.

Résumons, «  dans la très sainte Eucharistie, la Mère Eglise croit fermement et accueille avec joie, célèbre et adore le Sacrement de la Rédemption, en annonçant la mort de Jésus-Christ et en proclamant sa résurrection, jusqu’à ce qu’il vienne dans la gloire, comme Seigneur et Maître invincible, Prêtre éternel et Roi de l’univers, pour remettre entre les mains de la souveraine puissance du Père, le règne de la vérité et de la vie. »

 

Voyons aujourd’hui très simplement le déroulement d’une célébration eucharistique mais avant deux remarques. La première est que la  messe est présidée par un prêtre. Le diacre et les laïcs jouent un certain rôle en sachant que les rôles ne sont pas interchangeables. Les prêtres président in persona Christi. Les prêtres sont des hommes qui ont reçu le sacrement de l’ordination. Lors de la messe chrismale qui a lieu chaque année au moment de la semaine sainte, les prêtres renouvellent en quelque sorte leur engagement de célébrer « pieusement et fidèlement les mystères du Christ, tout spécialement dans le Sacrifice Eucharistique et le sacrement de réconciliation, selon la tradition de l’Eglise, pour la louange de Dieu et la sanctification du peuple chrétien. ». Sans prêtre, il n’y a pas de messe !

Où peut-on célébrer une messe ? La messe est célébrée dans un lieu consacré, sacré : église, chapelle… En certaines circonstances pastorales, elle peut avoir lieu en plein air (pensons aux camps de jeunes ou les grandes messes de pèlerinages) ou en un autre lieu (normalement avec accord de l’évêque du lieu) mais il faut que le lieu soit « décent ». On ne peut célébrer une messe dans un temple ou un lieu sacré d’une autre religion (mosquée, synagogue…)

Ces remarques faites, regardons le déroulement. La messe (nous parlons ici de la messe de rite « Paul VI », car il existe d’autres rites saint Pie V ou rites orientaux par exemple)  peut être divisée en quatre parties.

 

Première partie : L’ouverture

Le but de cette partie appelée parfois « temps de l’accueil » est de rassembler les chrétiens rassemblés : de faire « unité » et surtout de rendre capable à l’écoute de la Parole de Dieu et à la participation à l’eucharistie. Le but étant bien de faire « un seul corps ».

·         Procession et chant d’entrée. Nous verrons que la procession est déjà un acte

liturgique même si malheureusement beaucoup de communautés omettent les processions d’ouverture et d’envoi. Le prêtre opère ce mouvement de la porte vers l’autel pour « rassembler » les fidèles venus de divers horizons, tous nous tournons nos regards, nos cœurs vers le chœur où nous allons entendre la Parole de Dieu et célébrer l’eucharistie.

·         Salutation de l’assemblée : le prêtre invoque la présence du Christ, l’assemblée se

signe : ‘Au nom du Père, du Fils, du Saint Esprit. »

·         Préparation pénitentielle : c’est la préparation des cœurs à proprement parler. Elle

peut revêtir plusieurs formes et se termine par une prière de pardon.

·         Louange au Christ : habituellement, la préparation pénitentielle est suivi par le chant

de louange appelé Gloire à Dieu.

·         Prière d’ouverture : le prêtre dit cette prière qui conclue l’ensemble des rites de cette

première partie et ouvre sur la liturgie de la Parole qui va suivre. Cette prière est accompagnée d’un temps de silence.

 

 

Deuxième partie : la liturgie de la Parole

 Au cours de cette partie, nos regards convergent vers la table de la Parole ou ambon. C’est une sorte de pupitre exclusivement réservé à la lecture des textes saints, à l’homélie et à la Prière universelle.

Nous allons écouter des lectures : 3 et un évangile le dimanche, 2 et un évangile en semaine et beaucoup plus au cours de certaines célébrations comme les vigiles pascales ! 

·         Première lecture : il s’agit en général d’un texte de l’Ancien Testament.

·         Chant du Psaume :  le chant du psaume est une sorte de poème biblique qui est

accompagné d’une antienne.

·         Deuxième lecture :  tirée du Nouveau Testament ( actes des Apôtres, épîtres ou encore Apocalypse.)

·         Acclamation de l’Evangile :  l’assemblée se lève pour acclamer l’Evangile, en général par le chant de l’Alléluia (sauf temps de Carême).

·         Proclamation de l’Evangile : tiré d’un des quatre évangiles ( selon saint Luc, Matthieu, Marc ou Jean), proclamé par le prêtre ou le diacre, il est suivi d’une acclamation

·         L’homélie ou sermon :  c’est le temps où le prêtre explicite, approfondi les textes entendus.

·         La profession de foi :  c’est le temps du Credo. Il existe aujourd’hui deux formules possibles. (trois en fait si on compte la profession de foi de type "baptismal" en questions/réponses)

·         La prière universelle :  elle est composée de 4 intentions : Eglises, Cité, hommes éprouvés, la communauté rassemblée.

 

Troisième partie : la liturgie de l’eucharistie.

 Cette fois-ci nos regards porteront davantage sur l’autel, table de l’eucharistie. C’est un moment très important qui va comprendre entre autres la consécration et la communion.

 

·         La procession des offrandes ou préparation des dons: on apporte le pain et le vin. Ce temps comprend une prière de bénédiction et un temps de purification pour le prêtre. Enfin, une prière sur les offrandes. On peut inclure la quête dans ce temps.

·         La prière eucharistique. Il existe plusieurs formules ( quatre principales) et comprend des « sous parties » :

                  -          Dialogue et préface. La préface varie en fonction du temps liturgique.

                  -          Le chant du Sanctus (saint est le Seigneur) qui conclue la Préface.

                  -          Une des quatre prières eucharistiques qui vont toutes comprendre : récit de l’institution et consécration, élévation, épiclèse, anamnèse, mémorial du mystère pascal et offrande du corps et du sang du Christ, prière d’intercession et prière pour les défunts, doxologie (acclamation).

·         La communion qui comprend aussi plusieurs sous-parties :

                 -          Prière du Notre Père.

                 -          Souhait de paix et parfois geste de paix.

                 -          Fraction du pain et chant de l’agneau de Dieu.

                 -          Invitation à venir à la table du Seigneur « Heureux les invités au repas du Seigneur » et procession de communion.

                 -          Silence et prière.

 

Quatrième partie : l’envoi.

 C’est au cours de cette partie que nous allons être envoyés en mission. La messe continue dans notre vie de tous les jours, nous devons porter du fruit ! On peut trouver aussi dans cette partie,  un temps pour les petites annonces de la paroisse.

·         Prière

·         Bénédiction

·         Envoi et procession

 

Voilà pour ces quatre parties, nous verrons au cours de prochains articles, le détail de chaque partie.

 

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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 22:06

N.pngous découvrons et redécouvrons comme tous les premiers dimanches de Carême, l’évangile des tentations de Jésus. Cet évangile nous plonge au cœur de la question du combat spirituel dont les principaux protagonistes sont les démons et le Christ. Par notre baptême, nous participons à ce combat. Cela signifie que les tentations et les épreuves font parties de toute vie spirituelle. Si nous demandons à Dieu de ne pas nous « laissez succomber à la tentation », nous ne pouvons échapper à l’épreuve même de la tentation.  

 

Jésus se rend au désert « poussé par l’Esprit Saint ». Le désert est un lieu très important dans la Bible ; les premiers moines aimaient s’y rendre pour y vivre une vie érémitique ou cénobitique. Mais c’est aussi un lieu, selon les pères du désert,  propice aux tentations. Les pères notaient que la « marque du moine, c’est d’être tenté. » Pour cette raison, ils ont beaucoup réfléchi à ce qu’était la tentation et nous sont d’une aide précieuse même si nous vivons dans le monde. En effet, les tentations ne seront pas tout à fait du même ordre pour le laïc séculier et le moine régulier mais au fond il s’agit du même mécanisme et du même but : nous détourner de Dieu, douter ou nous révolter contre Dieu, enfin retourner à l’idolâtrie et au paganisme. La tentation pousse au péché. Bref, les tentations ne cessent jamais, elles sont là « jusqu’au dernier soupir » écrivait saint Antoine. Première leçon, ne pas nous décourager si les tentations reviennent toujours mais plutôt s’en servir pour se fortifier et se connaître. En effet, on peut repérer les tentations qui nous assaillent et ainsi discerner nos faiblesses et nos forces. Cela permet encore une fois de se regarder en vérité et en toute humilité.

 

Jésus est tenté alors qu’Il s’est mis à l’écart pour prier sous l’action de l’Esprit Saint. Cela signifie aussi que nous serons davantage tenté au moement où  nous nous approchons plus de Dieu, que nous posons une action qui nous rapproche de Dieu.  Cette progression de la tentation ne doit donc pas nous décourager mais nous inviter à persévérer sans oublier que l’action du démon est forcément limitée car il n’est que créature. Il n’a pas le pouvoir de lire dans les cœurs, de scruter les cœurs et les reins. Il donne un peu des coups au hasard, sème à tous vents. La première technique souvent face à la tentation est de ne pas réagir, de laisser passer la « mauvaise pensée » sans s’y complaire. Il faut combattre la pensée avant qu’elle ne devienne acte.

 

Jésus sera tenté de trois manières alors que nous nous sommes tentés de multiples façons. Pourquoi ? Lisons ce que nous dit saint Jean Cassien dont nous avons déjà parlé récemment : «  Il fallait que notre Seigneur, qui possédait parfaitement l’image et la ressemblance divine, fût tenté comme Adam l’avait été avant d’avoir été obscurci cette image, c’est-à-dire qu’il fut tenté de gourmandise, de vaine gloire et d’orgueil, mais non pas des autres vices auquel Adam fut exposé, lorsqu’il eut souillé par sa désobéissance la ressemblance divine qu’il avait reçue. Il fut tenté de gourmandise quand le fruit de l’arbre défendu lui fut présenté ; de vaine gloire, par cette parole : « vos yeux seront ouverts » ; et d’orgueil par cette autre : « Vous serez comme des dieux, sachant le bien et le mal. » Nous lisons dans l’Evangile que notre Seigneur fut tenté de ces trois manières par le démon : de gourmandise ; «  Dites que ces pierres deviennent des pains. » ; de vaine gloire : «  Si vous êtes Fils de Dieu, jetez-vous en bas. » ; d’orgueil : « le démon lui montrant tous les royaumes du monde et leur gloire, lui dit : Je vous donnerai toutes ces choses si vous vous prosternez et m’adorez. »

Nous avons déjà évoqué le fait que les vices s’enchaînent selon un mécanisme que les pères ont analysé. Jésus est tenté selon les trois vices dont dépendent les autres. Adam fut tenté par ces trois vices, il a succombé et tous les autres vices, fléaux, péchés ont découlé de ce premier mouvement. Le Christ est le second Adam ou le nouvel Adam. Il est tenté par les mêmes vices mais Lui, dans sa perfection, ne succombe pas. Ainsi, Il nous montre le chemin de la victoire sur la tentation et par conséquent sur le péché. Ecoutons toujours Cassien : «  Des deux Adam, le premier a été une cause de ruine et de mort ; le second, une cause de résurrection et de vie ; le premier a fait condamner le genre humain, le second l’a sauvé ; le premier avait été formé d’une terre vierge, le second est né de la Vierge Marie. »

Saint Ambroise dans le même esprit parle de « trois armes » qui blessent l’âme de l’homme. Pour lui, ce sont la gourmandise, la jactance et l’orgueil (ou ambition). Théophane lui voit dans la seconde tentation non la jactance mais la cupidité ou l’avarice qui rejoignent en fait la vaine gloire. Quoiqu’il arrive nous sommes bien au niveau de vices qui en engendrent d’autres.

«  Le démon l’attaqua d’abord par les tentations qui avaient fait tomber Adam ; il espérait, s’il y succombait, l’entraîner également aux autres vices ; mais il fut vaincu dans le premier combat, et ne put lui donner le mal qui vient de la gourmandise, comme de sa racine. (…) Lorsqu’il vit que notre Seigneur avait triomphé de la gourmandise, et qu’il ne pouvait le tenté par la volupté, il essaya l’avarice, qu’il savait aussi la source de tous les maux, et comme il fut vaincu de ce côté ; il n’osa plus le solliciter aux péchés qui découlent de ce principe, et il eut recours à la passion de l’orgueil, qu’il savait bien renverser les parfaits qui avait résisté aux autres vices : car lui-même Lucifer, avec bien d’autres anges, avait été précipité du ciel, sans avoir éprouvé d’autres passions. »

 

            Nous constatons que le Christ ne succombe pas. Il est de fait parfait en son humanité. Ce qui nous montre qu’un homme parfaitement équilibré ne succombe pas à la tentation. Le but de notre avancée spirituelle et humaine est donc une question d’équilibre. Un père comparaît le combat contre les vices à un funambule ! Il s’agit encor une fois d’apprendre à se connaître et de combler ses failles, de poser des actes vertueux qui sont actes de « juste mesure ». Dans nos directives de Carême, un peu d’équilibrisme, de la prière et du jeûne ; oui mais en fonction de nos forces, de son caractère, de ce qu’on est en vérité : éviter le pas assez ou le trop c’est trop… Les passions, l’imagination, les souvenirs ne sont pas choses mauvaises en soi mais si nous  ne les maîtrisons pas, elles sont sources de tentations et de péchés. Il faut se méfier des excès, le diable travaille dans l’excès.

            Certains pères aiment distinguer la tentation de l’épreuve. Il faut donc être prudent car selon les auteurs les termes seront synonymes ou non ! Saint Grégoire le Grand dans ses Moralia indique l’ « épreuve fatigue sans faire tomber. » Elle ne pousse pas directement au péché même si dans la durée ou selon la force elle peut faire « tomber » l’homme. La figure biblique est une nouvelle fois celle de Job. Notez que si Job connaît l’épreuve, la tentation va se surajouter en quelque sorte. C’est en effet son épouse qui l’invite à se révolter contre Dieu.

Nous connaissons toutes sortes d’épreuves : physiques, morales, professionnelles, psychiques, épreuve de la mort et enfin épreuves spirituelles. La Bible en parle à de nombreuses reprises. Vous pouvez lire à ce sujet les épîtres : la deuxième aux corinthiens par exemple ou celle aux romains. Je vous cite ici, celle de Jacques : «  Mes frères, quand vous butez à toute sorte d’épreuves, pensez que c’est une grande joie. Car l’épreuve vérifie la qualité de votre foi, produit en vous la persévérance et la persévérance doit vous amener à une conduite parfaite, ainsi vous serez vraiment parfaits, il ne vous manquera rien. » (Jc 1, 2-3). Ici, l’épreuve est donc bénéfique, elle a valeur de purification dans la progression spirituelle, sur le chemin de la perfection qui nous mène à Dieu.  Au cœur de l’épreuve c’est la question de la foi  (confiance)  et de la fidélité (persévérance). Cela se vérifie au niveau spirituel dans notre relation à Dieu mais bien évidement dans nos relations humaines (professionnelles, amicales, conjugales…). Il nous faut, au cœur de l’épreuve, continuer à avancer, continuer à poser des actes vertueux. L’exercice des vertus permet à l’homme d’entrer plus avant dans la profondeur du mystère divin. Dans le doute, l’aridité, la nuit obscure, les états de désolations si bien décrits par les maîtres spirituels du Carmel, nous devons continuer à poser des actes de foi et d’humilité.

            Avant de terminer sur cette question ( en ayant bien conscience de ne pas avoir tout traité), ajoutons que le combat que nous menons est forcément proportionnel à nos forces.  Si nous sommes tentés, ce n’est pas parce que nous sommes faibles mais parce que Dieu autorise ici la tentation car Il sait que nous avons les moyens, les forces de la combattre. Si le combat n’était pas proportionnel, nous ne serions plus libres. Or, la liberté humaine joue un rôle fondamentale au sein de ce combat. L’homme doit prendre position. Lisons saint Paul en 1 Co 10, 13 : «  Quand vous avez été mis à l’épreuve, ce ne fut jamais au-delà des forces humaines. Et Dieu est fidèle : il ne permettra pas que vous soyez éprouvés au-delà de ce qui est possible pour vous. Mais avec l’épreuve il vous donnera le moyen d’en sortir et la possibilité de la supporter. ».  A nous donc de discerner les signes, les moyens que Dieu nous envoie pour combattre la tentation. Dieu ne nous envoie pas l’épreuve mais l’épreuve n’arrive pas sans l’ « autorisation » de Dieu.

Il nous faut donc retrousser nos manches, prendre part à ce combat spirituel tout en gardant confiance. N’oublions pas qu’au final, c’est le Christ qui est victorieux. Nos simples forces même si elles sont nécessaires ne sont pas suffisantes ; il nous faut la grâce de Dieu.

C’est pour cela que les armes les plus efficaces seront la prière et la Parole de Dieu.

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16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 14:36

Croire dans la charité suscite la charité
« Nous avons reconnu et nous avons cru que l'amour de Dieu est
parmi nous »
(1 Jn 4, 16)

 

 

 

V.pngoici le titre du message pour le Carême 2013 de Benoît XVI. Il nous propose en cette année de la foi de « méditer sur le rapport entre foi et charité : entre le fait de croire en Dieu, dans le Dieu de Jésus-Christ, et l’amour qui est le fruit de la l’action de l’Esprit Saint et qui nous guide sur le chemin de consécration à Dieu et aux autres. » Ce message comporte 4 parties :

·         La foi comme réponse à l'amour de Dieu.

·         La charité comme vie dans la foi

·         Le lien indissoluble entre foi et charité

·         Priorité de la foi, primat de la charité

 

Dans la première partie, le pape nous renvoie à son encyclique Deus caritas est où il avait déjà établi le lien fondamental entre les vertus théologales de la foi et de la charité à partir de l’affirmation johannique : « « Nous avons reconnu et nous avons cru que l'amour de Dieu est parmi nous » (1 Jn 4, 16). La foi chrétienne n’est pas déjà une philosophie, une éthique mais une rencontre avec une Personne.  Or, c’est Dieu qui a toujours l’initiative de cette rencontre, c’est Dieu qui nous aime en premier. Ainsi, le pape nous rappelle que l’amour n’est pas seulement un commandement mais « est la réponse au don de l'amour par lequel Dieu vient à notre rencontre »

Ainsi, qu’est-ce que la foi ? « La foi constitue l'adhésion personnelle – qui inclut toutes nos facultés – à la révélation de l'amour gratuit et « passionné » que Dieu a pour nous et qui se manifeste pleinement en Jésus Christ ; la rencontre avec Dieu Amour qui interpelle non seulement le cœur, mais également l'esprit: « La reconnaissance du Dieu vivant est une route vers l’amour, et le oui de notre volonté à la sienne unit intelligence, volonté et sentiment dans l’acte totalisant de l’amour. Ce processus demeure cependant constamment en mouvement: l’amour n’est jamais "achevé" ni complet »

La foi est donc une rencontre avec le Christ qui suscite en nous l’amour, « en sorte que leur amour du prochain ne soit plus imposé pour ainsi dire de l’extérieur, mais qu’il soit une conséquence découlant de leur foi qui devient agissante dans l’amour »…

Ainsi : « Le chrétien est une personne conquise par l'amour du Christ et donc, mû par cette amour « caritas Christi urget nos » (2 Co 5, 14) –, il est ouvert de façon concrète et profonde à l'amour pour le prochain (cf. ibid., n. 33). Cette attitude naît avant tout de la conscience d'être aimés, pardonnés, et même servis par le Seigneur, qui se penche pour laver les pieds des Apôtres et s'offre lui-même sur la croix pour attirer l'humanité dans l'amour de Dieu. ».

Première réflexion, comment allons-nous vivre l’aumône en ce temps de Carême ? On comprend alors très bien que notre effort d’ « aumône » ne peut se désolidariser d’une vie de foi et de prière plus profonde… Le service et l’amour du prochain ne peuvent venir uniquement d’un « devoir extérieur. »

Benoît XVI aborde ensuite sa deuxième partie où il va montrer que la charité est la consistance même de la vie de foi, c’est la source mais aussi le fruit. Si la vie chrétienne est une réponse à l’appel, à l’amour de Dieu on comprend bien que cette réponse est déjà acte de foi.  C’est ce « fiat », ce « oui » qui nous fait entrer dans une histoire d’ « amitié » avec le Seigneur qui nous remplit de joie. C’est la première étape de la vie de foi. Mais, « Dieu ne se contente pas que nous accueillions son amour gratuit. Il ne se limite pas à nous aimer, mais il veut nous attirer à lui, nous transformer de manière profonde au point que nous puissions dire avec saint Paul: ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi (cf. Ga 2, 20). »

De ce fait, non seulement nous accueillons l’amour de Dieu, nous accueillons Dieu qui est Amour mais nous en grandissant dans la foi, nous devenons davantage « semblables » à Lui, nous « participons à sa charité même. »  Dieu demeure en nous pour paraphraser saint Jean.

Quel lien, quelle différence entre « foi » et « charité »? Et bien, « La foi, c’est connaître la vérité et y adhérer (cf. 1 Tm 2, 4); la charité, c’est « cheminer » dans la vérité (cf. Ep 4, 15). Avec la foi, on entre dans l’amitié avec le Seigneur; avec la charité, on vit et on cultive cette amitié (cf. Jn 15, 14s). »

Et le saint père continue ainsi : « La foi nous fait accueillir le commandement du Seigneur et Maître; la charité nous donne la béatitude de le mettre en pratique (cf. Jn 13, 13-17). Dans la foi, nous sommes engendrés comme fils de Dieu (cf. Jn 1, 12s); la charité nous fait persévérer concrètement dans la filiation divine en apportant le fruit de l’Esprit Saint (cf. Ga 5, 22). La foi nous fait reconnaître les dons que le Dieu bon et généreux nous confie; la charité les fait fructifier (cf. Mt 25, 14-30). »

 

Nous parvenons ainsi à la troisième partie  de ce message où le pape établit le lien indissoluble entre foi et charité.  On ne peut jamais les opposer même si au final la foi disparaîtra contrairement à la charité. Benoît XVI condamne alors deux attitudes, le fidéisme et l’activisme moral :

« En effet, d’un côté, l’attitude de celui qui place d’une manière aussi forte l’accent sur la priorité et le caractère décisif de la foi au point d’en sous-évaluer et de presque en mépriser les œuvres concrètes de la charité et de la réduire à un acte humanitaire générique, est limitante. Mais, de l’autre, il est tout aussi limitant de soutenir une suprématie exagérée de la charité et de son activité, en pensant que les œuvres remplacent la foi. »

Il serait bon aussi de s’interroger de ce qui distingue des mouvements de solidarité « laïcs » des mouvements « chrétiens ». Quelle dimension supplémentaire doit-on trouver ? Non une conversion systématique des personnes aidées mais bien dans l’attitude, la motivation profonde et la vie de foi des bénévoles ou permanents. Et à contrario de s’interroger sur les chrétiens qui se contentent d’avoir la foi, de « pratiquer » sans jamais que cela conduise à une œuvre concrète de charité.

Le saint père prend alors les figures bibliques de Marthe et Marie c’est-à-dire de l’action et de la contemplation. Ces deux figures doivent : « coexister et s’intégrer (…). La priorité va toujours au rapport avec Dieu et le vrai partage évangélique doit s’enraciner dans la foi. »

L'exemple de Marthe et Marie est intéressant... cela vaut sans doute la peine pendant ce Carême, de lire et méditer à nouveau cet évangile. Quelle place tient l'action dans ma vie? Quelle place tient la contemplation dans ma vie? est-ce que je prends la peine de me tenir aux pieds du Christ pour l'écouter? Est-ce que je sais "équilibrer" les deux. N'oublions pas que la solution se fait souvent dans la "mesure" alors qu'on peut reconnaître les oeuvres du mal à l'excès.

Une question surgit et elle a son importance, quelle différence entre la charité et la solidarité ou l’aide humanitaire ?  «Parfois, on tend en effet à circonscrire le terme de « charité » à la solidarité ou à la simple aide humanitaire. Il est important, en revanche, de rappeler que la plus grande œuvre de charité est justement l’évangélisation, c’est-à-dire le « service de la Parole ».  Il n’y a pas d’action plus bénéfique, et donc charitable, envers le prochain que rompre le pain de la Parole de Dieu, le faire participer de la Bonne Nouvelle de l’Évangile, l’introduire dans la relation avec Dieu: l’évangélisation est la promotion la plus élevée et la plus complète de la personne humaine.  (…) C’est la vérité originelle de l’amour de Dieu pour nous, vécue et annoncée, qui ouvre notre existence à accueillir cet amour et rend possible le développement intégral de l’humanité et de tout homme. »

Lorsqu’en paroisse, nous pensons nos actions de Carême, en particulier avec les enfants, est-ce que cela passe avant tout par la redécouverte de la Parole de Dieu et par l’approfondissement de la prière ? Est-ce que nous avons déjà envisagé les oeuvres de concrètes de charité comme "évangélisation"?

 

Nous voici au contenu fondamental de ce message : « En somme, tout part de l’Amour et tend à l’Amour. L’amour gratuit de Dieu nous est communiqué à travers l’annonce de l’Évangile. Si nous l’accueillons avec foi, nous recevons ce premier et indispensable contact avec le divin en mesure de nous faire « aimer l’Amour », pour ensuite demeurer et croître dans cet Amour et le communiquer avec joie aux autres. »

Le souverain pontife résume alors cela à partir d’une courte méditation d’Ephésiens 2, 8-10 et parvient ainsi au sens profond du Carême : « Le Carême nous invite précisément, avec les indications traditionnelles pour la vie chrétienne, à alimenter la foi à travers une écoute plus attentive et prolongée de la Parole de Dieu et la participation aux Sacrements, et, dans le même temps, à croître dans la charité, dans l’amour de Dieu et envers le prochain, également à travers les indications concrètes du jeûne, de la pénitence et de l’aumône. »

 

Nous voici à présent à la quatrième et dernière partie de cette petite catéchèse : « Comme tout don de Dieu, foi et charité reconduisent à l’action de l’unique et même Esprit Saint (cf. 1 Co 13), cet Esprit qui s’écrie en nous « Abbà ! Père » (Gal 4, 6), et qui nous fait dire: « Jésus est Seigneur » (1 Co 12, 3) et « Maranatha ! » (1 Co 16, 22; Ap 22, 20). »

Ce lien qui existe entre la foi et la charité nous rappelle le lien entre les deux sacrements d’initiation que sont le baptême (sacrement de la foi)  et l’eucharistie (sacrement de l’amour) : « Le Baptême (sacramentum fidei) précède l'Eucharistie (sacramentum caritatis), mais il est orienté vers celle-ci, qui constitue la plénitude du cheminement chrétien. De manière analogue, la foi précède la charité, mais se révèle authentique seulement si elle est couronnée par celle-ci. »

 

Le pape conclue : « Chers frères et sœurs, en ce temps de Carême, où nous nous préparons à célébrer l’événement de la Croix et de la Résurrection, dans lequel l'Amour de Dieu a racheté le monde et illuminé l’histoire, je vous souhaite à tous de vivre ce temps précieux en ravivant votre foi en Jésus Christ, pour entrer dans son parcours d’amour envers le Père et envers chaque frère et sœur que nous rencontrons dans notre vie. A cette fin j’élève ma prière à Dieu, tandis que j’invoque sur chacun et sur chaque communauté la Bénédiction du Seigneur! »

 

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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 14:53

N.pngous avons pu évoquer dans notre dernier article de catéchisme, le lieu de culte, l'église. Aujourd'hui nous allons nous pencher sur le " pourquoi" du dimanche.

Au tout début de la Bible, dans le texte de la Genèse, au chapitre 1, il est écrit que Dieu créa le monde en 6 jours et qu'Il se reposa le 7ème soit le samedi car la semaine débute le dimanche.

 

Les juifs ont ainsi choisi comme jour consacré à Dieu, le jour du repos, le samedi que l’on appelle aussi chabbat ( sabbat). En réalité, le chabbat commence le vendredi soir au moment où le soleil se couche. Les fidèles se rendent à la synagogue.

Les musulmans quant à eux ont choisi, le jour de la création de l’homme soit le 6ème jour, le vendredi. C’est aussi un vendredi que Mohammed a reçu le Coran.

 

Pourquoi les chrétiens  ont-ils préféré le dimanche ? Cela en effet aurait pu être le samedi comme les juifs ou mieux encore le jeudi, jour de l’institution de l’eucharistie quand on sait que la messe est au cœur du jour du Seigneur.

Le dimanche est avant tout le jour de la résurrection.  Le huitième jour, celui où Jésus ressuscité apparaît aux saintes femmes puis aux apôtres. Dans l’antiquité greco-latine, le dimanche était appelé jour du soleil. Nous avons gardé ce sens en anglais (sunday) et en allemand (sontag). Pour nous chrétiens, le véritable soleil est Jésus, le Christ qui se lève hors du tombeau, ayant vaincu toutes les ténèbres et particulièrement celles du péché et de la mort. Je vous rappelle que l’église- c’est-à-dire le chœur là où l’on trouve l’autel-  est orientée à l’est. Le dimanche, Jésus apparaît, se manifeste dans la lumière, dans la gloire de sa résurrection.

 

Les chrétiens ont choisi dès les premiers temps de l’Eglise de se réunir pour prier et célébrer Dieu le dimanche. Nous avons une mention dans les Actes des Apôtres,  récit des premières communautés chrétiennes à partir de l’Ascension en Ac 20, 7 : «  Le premier jour de la semaine, comme nous étions rassemblés pour rompre le pain… ». En sachant que selon la pratique juive, le jour commençait la veille au soir, toujours au moment du coucher du soleil.

Nous avons aussi à ce sujet, un texte de Justin (début du II ème siècle) : «  Le jour appelé jour du soleil, tous, qu'ils habitent la ville ou la campagne, ont leur réunion dans un même lieu et on lit les mémoires des Apôtres et les écrits des prophètes aussi longtemps qu'il est possible. Quand le lecteur a fini, celui qui préside fait un discours pour nous avertir et pour nous exhorter à mettre en pratique ces beaux enseignements. Ensuite nous nous levons tous et nous faisons ensemble des prières. Puis, lorsque nous avons fini de prier, ainsi que je l'ai déjà dit, on apporte le pain avec le vin et l'eau. Celui qui préside fait monter au ciel des prières et des actions de grâce, autant qu'il en est capable, et le peuple acclame en disant: Amen. Puis on distribue et on partage à chacun les dons sur lesquels a été prononcée l'action de grâce; ces dons sont envoyés aux absents par le ministère des diacres.
 Les fidèles, qui sont dans l'aisance et qui veulent donner, donnent librement, chacun ce qu'il veut; ce qu'on recueille est remis à celui qui préside et c'est lui qui vient en aide aux orphelins et aux veuves, à ceux qui sont dans le besoin par suite de maladie ou pour toute autre cause, aux prisonniers, aux voyageurs, aux étrangers; bref, il vient en aide à tous les malheureux.
 C'est le jour du soleil que nous faisons tous notre réunion, d'abord parce que c'est le premier jour, celui où Dieu, à partir des ténèbres et de la matière, créa le monde; et c'est parce que ce jour-là est encore celui où Jésus Christ, notre Sauveur, ressuscita d'entre les morts. La veille du jour de Saturne (du samedi), on l'avait crucifié, et le surlendemain, c'est-à-dire le jour du soleil, s'étant montré à ses Apôtres et à ses disciples, il leur enseigna ce que nous avons exposé. Le monde s'ouvre à la vie, l’homme reçoit l'Esprit. »

Nous avons dans cette première Apologie une explication très synthétique de ce qui se passait pour les premières communautés chrétiennes. Nous retrouvons tous les éléments importants de la messe : lecture de la Parole de Dieu, homélie par le prêtre, prières, offertoire, communion, dimension du partage à travers la quête qui ensuite redistribuée aux pauvres.

 

Enfin, c’est l’empereur Constantin qui en 321 proclame que le dimanche sera le jour de repos officiel du monde romain. Dans nos pays occidentaux, c’est toujours le cas !

Notez que liturgiquement, il existe des messes anticipées, c’est-à-dire que vous pouvez aller à la messe avec les textes et les prières du dimanche dès le samedi à partir de 15h00 environ. Avant cette heure, vous aurez la messe du samedi.

 

La question à se poser ? Respectons-nous bien le jour du Seigneur en nous rendant à l’église pour la célébration eucharistique le dimanche ? Si non, quelles excuses aimons-nous nous donner ? En sachant, qu’on « ne rattrape pas » une messe de dimanche en y allant la semaine !

Quelle place réservons-nous à Dieu pour ce jour particulier ? Peut-être que ce temps de Carême pourrait être pour nous le temps de redécouvrir le jour du Seigneur en faisant de ce jour, "un jour pas comme les autres" : la messe, plus de prière, du silence ( non à la télévision ou à internet ce jour-là, pas de shopping…), des temps en famille, un temps de repos ( les devoirs sont faits le samedi et non le dimanche), un temps pour rendre service ou visite… etc. A chacun de voir !

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14 février 2013 4 14 /02 /février /2013 15:00

B.pngon, je ne résiste pas à la tentation de vous dire quelques mots sur le fameux saint valentin... On ne sait pourquoi des saints "obscurs" restent si important dans notre monde laïc et païen...

Profitons tout de même de cette fête pour nous rappeler que nous fêtons les saints, le jour de leur mort, jour de leur naissance au ciel. Ainsi, saint Valentin serait mort un 14 février!

 

Un jour, alors que nous visitions des églises avec des amis, nous sommes tombés sur les reliques de saint valentin (enfin d'un saint Valentin) à Roquemaure dans le Gard. Elles y seraient depuis 1868. Elles sont impressionantes et si vous passez dans le coin, je vous conseille d'aller les voir.

 

Qui est saint Valentin?  Précisons déjà qu'il existe plusieurs "valentin". L'Eglise en fête huit:  un évêque de Trèves du IVème siècle, un martyr du IIIème siècle, un prêtre et ermite du VIème, Valentin Berrio-Ochoa martyrisé en 1861, le père belge Valentin Paquay mort en 1905... etc. Tous ne sont pas fêtés aujourd"hui, tous ne sont pas LE patron des amoureux.

 

De qui parlons-nous exactement? Il s'agit d'un évêque, mort martyr en 269. Il a été martyrisé à Rome. On le croit évêque de Terni en Italie et il était connu pour ses dons de thaumaturge c'est-à-dire de médecin. Connu à cause d'un de ses mircales, il fut repéré comme chrétien et pour cela condamné à mort par le préfet de Rome... Le lieu de son martyre est situé sur la voie flaminienne.

 

Vous me direz quel est  le rapport avec les amoureux, les roses rouges et les dîners en tête à tête? Et bien imaginez vous que les romains, bien connus pour leur sens de la mesure, célébraient à cette période de l'année ( on pense le 15 février), le dieu Faunus Lupercus.  Ce sont les lupercales. Ce sont des festivités dédiées à  la fécondité et à l'amour. Fêtes qui tournaient assez rapidement à la débauche surtout aux yeux des premiers chrétiens. Bref, pour contrée cette fête quelque peu orgiaque, l'Eglise, en la personne du pape Gélase en 495, a décidé de célébrer de manière beaucoup plus solennelle  la saint Valentin qui tombait à la même date. Petit à petit, la fête païenne a disparu au profit de la saint Valentin.

Au Moyen-Age, on aurait confondu plusieurs légendes et saint valentin serait devenu le patron des amoureux...

 

S'il est sans doute bien dommage de se cantonner au 14 février pour offrir fleurs et chocolats, la saint Valentin par sa popularité est sans doute une date a exploiter pastoralement. L'occasion de revoir les jeunes mariés de l'année pour un enseignement? une célébration avec renouvellement des promesses de mariage? Le lancement d'une préparation au mariage? La date parle à tout le monde et parle de l'amour, pourquoi ne pas l'utiliser?

 

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