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8 février 2013 5 08 /02 /février /2013 17:53

R.pngeprenons notre réflexion sur l’AMP (l’Assistance Médicale à la Procréation). Pour nous aider dans notre questionnement, il existe des textes magistériels qui peuvent nous éclairer : l’encyclique Humanae Vitae de Paul VI qui ne traite pas des ces questions mais qui nous aide à comprendre la vision de la sexualité et de la procréation pour l’Eglise ainsi que celle Jean Paul II Evangelium vitae; Familiaris Consortio pour mieux comprendre le sens de la famille, du couple, de l’amour conjugal; l'instruction Donum vitae  qui a été remise à jour à travers le texte de 2008, Dignitas Personnae. Ce dernier document sera l’objet de notre propos.

 

Il s’agit d’une « instruction » publiée par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Elle s’appuie sur le texte Donum Vitae mais prend en compte les nouvelles avancées scientifiques et techniques et les questions éthiques qui en découlent.

« 3. L'Eglise catholique, en proposant des principes et des jugements moraux sur la recherche biomédicale dans le domaine de la vie humaine, s'appuie tant sur la lumière de la raison que sur la foi, en contribuant à élaborer une vision intégrale de l'homme et de sa vocation. Ceci témoigne de sa capacité à accueillir tout ce qui émerge de bon dans les œuvres des hommes et dans les diverses traditions culturelles et religieuses, qui ont souvent un grand respect pour la vie.

Le Magistère tient à encourager et à exprimer sa confiance envers ceux qui considèrent la science comme un précieux service pour le bien intégral de la vie et pour la dignité de chaque être humain. C'est avec espoir que l'Eglise regarde donc la recherche scientifique, et souhaite que de nombreux chrétiens se dédient à la promotion de la biomédecine pour témoigner de leur foi. (…) Enfin, elle veut être présente aux côtés de toute personne souffrante dans son corps et dans son âme, pour offrir non seulement un réconfort, mais aussi la lumière et l'espérance, à travers lesquelles la maladie ou l'expérience de la mort retrouvent un sens. Ces situations appartiennent de fait à l'existence de l'homme et marquent son histoire, en l'ouvrant au mystère de la Résurrection. »

 

Comment se présente ce texte ? « Elle comprend trois parties: la première rappelle certains aspects anthropologiques, théologiques et éthiques de grande importance ; la seconde affronte les nouveaux problèmes liés à la procréation ; la troisième se penche sur les nouvelles propositions thérapeutiques impliquant la manipulation de l'embryon ou du patrimoine génétique de l'homme. »

Nous ne nous arrêterons pas à la première partie qui est cependant capitale et que je vous invite à lire (vous pouvez trouver très facilement le texte en ligne) pour nous concentrer sur la deuxième partie qui traite de l’AMP.

 

Le n°12 rappelle les trois valeurs fondamentales que doivent respecter les traitements de l’infertilité. C’est très important car souvent on pense que l’Eglise rejette des techniques (contraception, PMA…) parce qu’elles sont « artificielles » et qu’Elle ne prône que le « naturel ». La question n’est pas déjà sur la technique à proprement parlé mais sur la finalité et sur le respect de la dignité et de la vocation humaine.  

 Voici ces trois valeurs :

 « a) le droit à la vie et à l'intégrité physique de tout être humain depuis la conception jusqu'à la mort naturelle ;

b) l'unité du mariage qui implique le respect mutuel du droit des conjoints à devenir père et mère seulement l'un à travers l'autre ;

 c) les valeurs spécifiquement humaines de la sexualité, qui «exigent que la procréation d'une personne humaine doit être poursuivie comme le fruit de l'acte conjugal spécifique de l'amour des époux » »

 

Ces trois valeurs permettent déjà de faire une première distinction dans les techniques.  Celles qui utilisent des donneurs et que l’on appelle « hétérologues » et les techniques « homologues » c’est-à-dire entre conjoints. De fait, ces techniques ne soulèvent pas les mêmes problèmes éthiques et posent la question de la filiation  dans le cas de donneur de gamètes ou d'embryon. L’Eglise refuse toutes les techniques hétérologues, en revanche « sont permises les techniques qui sont comme une aide à l'acte conjugal et à sa fécondité ».

Bref, sont autorisées toutes les techniques qui vont aider l’acte conjugal. Cela regroupe essentiellement les techniques qui permettent de lever l’obstacle à la fécondité naturelle : traitement hormonal, intervention chirurgicale au niveau des trompes, traitement de l’endométriose… (cf n°13).  Il s’agit d’un acte thérapeutique où le médecin n’intervient pas au niveau de l’acte sexuel conjugal.  Le texte en profite pour insister sur le fait qu’il faudrait faciliter les démarches d’adoption et favoriser le dépistage de l’infertilité et développer les moyens de prévention contre la stérilité.

Les autres techniques non seulement font intervenir un tiers mais déstructurent l’acte procréateur en le séparant de l’acte sexuel. Cela peut vous paraître une remarque théorique mais on a pu constater que les couples dans la mesure du possible cherchaient alors à avoir un rapport sexuel au plus près de l’intervention pour « faire comme si » le bébé naîtrait de celui-ci et non de la main d’un autre.  Il est clair qu’aucune intimité n’est réservée au couple dans ces techniques. Dignitatis Personae en reconnaissant la souffrance des couples et leur désir d’enfant attire l’attention sur le fait qu’il ne faut que l’enfant à naître ne  devienne simple  « production »…

 

Les PMA peuvent faire intervenir un  ou plusieurs « tiers » (technique, médecin, donneur…). Or, il ne faut jamais oublier que la procréation n’est pas un simple acte biologique. C’est un acte personnel, conjugal qui est un acte qui engage la personne toute entière d’une manière libre et responsable… La procréation est  et doit restée la tâche exclusive, personnelle, essentielle du couple humain.

« Or plus il y a de tiers (et ces tiers sont en partie liés les uns aux autres), plus on s’éloigne de la perspective d’accomplissement d’un couple en demande d’enfant, plus l’AMP risque d’être déshumanisante et donc éthiquement critiquable. » (cf. M.J.Thiel, « questions éthiques autour de l’Assistance Médicale à la Procréation).

Cette dimension du « tiers » est très importante dans le domaine éthique.

 

Quelles sont les différentes techniques ?

-          IAC et IAD c’est-à-dire les Insémination Artificielle avec Donneur ou entre Conjoint.  C’est la technique la plus ancienne testée sur l’être humain (1785).  Il existe aussi plusieurs techniques pour prélever le sperme. L’insémination a lieu soit pendant l’ovulation spontanée/naturelle soit par ovulation provoquée par traitement hormonal. Selon les obstacles que l’on veut « surmonter », le sperme n’est pas déposé au même endroit.

-          FIV et FIVETE,  c’est la Fécondation In vitro et la fécondation in vitro avec transfert d’embryon. Pour faire très simple, on prélève des spermatozoïdes, des follicules dans lesquels  on recueille les ovules fécondables. Après une préparation, on procède à la fécondation in vitro. Après le développement de l’embryon, on le transfert dans l’utérus.

Cette technique soulève un problème supplémentaire, le nombre d’embryons. On peut obtenir aucun embryon comme plusieurs, dans ce dernier cas, on procédera à une congélation des embryons qui présentent des critères de développement satisfaisants. Les autres sont détruits. Quel est le statut de ces embryons ? Pour les questions autour de la FIVETE et de la congélation d’embryons voir les n°14, 15, 18 et 19.

-          ICSI – c’est  l’injection intracytoplasmique de spermatozoïdes .  C’est  l’injection d’un seul spermatozoïde dans l’ovule. Elle est traitée au n°17.

Chacune des ces techniques présentent des difficultés, des échecs, des effets secondaires, des risques et ne sont pas « réalisables » par tous les couples.  Or de nombreux médecins constatent qu’il existe un vrai décalage entre la demande des couples et la réponse médicale.

Aujourd’hui, en France, la loi encadre bien ces techniques. Elle est basée sur le volontariat ( le couple accueille et signe un consentement), la gratuité et l’anonymat. Il ne faudrait pas que ces conditions soient remises en question.

 

La suite dans notre prochain article.

SaintPierre.png

 

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commentaires

J
Merci pour ce travail très intéressant, Jacquotte.J'ai appris beaucoup de choses et je t'en suis très reconnaissant .... Union en Christ ...Jean Jacques
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