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21 mars 2010 7 21 /03 /mars /2010 19:18

H.pngeureux ceux qui sont dans le deuil, ils seront consolés."

Encore une béatitude surprenante, celle des larmes. Serait-ce une éloge de la tristesse? Biensûr que non. La joie est une des conséquences de la béatitude. La tristesse est apparentée même en un certain sens aux vices. Béatitude étrange, paradoxale qui va à l'encontre d'un monde qui prône les "plaisirs".

Nous continuons notre marche ascendante vers Dieu, vers la Gloire de Dieu. Les trois premières béatitudes humilité-douceur et pleurs mettent en évidence la reconnaissance de l'homme comme créature, faible et fragile sans le secours de Dieu. L'homme comme pécheur, qui se reconnaît comme tel et qui regrette ses péchés. Le père Garrigou-Lagrange ecrivait à propos de ces trois béatitudes: "Les trois premières béatitudes disent le bonheur qui se trouve dans la fuite et la délivrance du péché, dans la pauvreté acceptée par amour de Dieu, dans la douceur et dans les larmes de la contrition"

La première explication retenue par les pères sera bien entendu les larmes que l'homme verse sur ses péchés. La prise de conscience par et dans l'humilité ( et la douceur) nous donne une plus vive conscience de notre péché, péché compris comme ce qui nous sépare de Dieu: "La tristesse religieuse pleure soit le péché des autres, soit le sien propre; elle ne s'attriste pas de ce qu'opère la justice divine, mais elle s'afflige de ce que commet l'injustice humaine" ( Léon le Grand) ou encore chez notre ami Chromace: "

Que nous faut-il entendre par ces larmes salutaires? Sûrement pas celles qui naissent du dommage causé à nos biens, ni de la disparition d'être chers, ni de la perte des honneurs de ce monde; tout cela, celui qui s'est fait pauvre en esprit ne le déplorera certainement pas. Les larmes salutaires sont celles que l'on verse pour ses péchés , en se rappelant le jugement de Dieu. Au milieu des innombrables occupations et difficultés de ce monde, l'esprit ne pouvait penser à lui-même; mais en goûtant désormais la sécurité et la douceur, il se met à se regarder de plus près, à examiner ses actions du jour et de la nuit; alors commencement à apparaître les blessures de ses fautes passées, ce qui provoque des larmes salutaires, larmes si bienfaisantes qu'elles attirent sans tarder la consolation céleste, car il est véridique celui qui a dit: Bienheureux ceux qui pleurent, parce qu'ils seront consolés."

Il y a cependant comme dans chaque béatitude des degrés. Sur quoi pleurons-nous? On peut pleurer sur nos péchés mais plus grande encore sera la consolation pour ceux qui pleurent à la vue du Père qui accueille le fils prodigue, du bon pasteur qui part à la recherche de la brebis perdue, bref ceux qui pleurent lorsqu'ils arrivent à saisir l'infinie miséricorde de Dieu. Quelle consolation en effet dans l'accueil de cette miséricorde divine?
"Comme la consolation n'est que la fin du deuil, ceux qui pleurent leurs péchés seront consolés par le pardon." (Saint Jean Chrysostome) et comme le disait si justement saint Ambroise, "C'est la Trinité qui pardonne".


Pour terminer, un petit extrait d'un sermon de St Bernard pour la Toussaint: "« Bienheureux ceux qui pleurent, parce qu'ils seront consolés. » Il faut user du fouet pour dompter le cheval; ce qui triomphe d'une âme qui n'est pas douce, c'est là contrition de l'esprit et les larmes continuelles. Aussi, dans toutes vos actions , rappelez-vous vos fins dernières , ayez sans cesse sous les yeux du coeur l'horreur de la mort, les séparations terribles du jugement dernier; les flammes redoutables de l'enfer. Songez aux misères de votre pèlerinage, repassez dans l'amertume de votre âme le souvenir de vos années ; songez aux périls de la vie de l'homme, et pensez à votre propre fragilité. Si vous vous nourrissez constamment de ces pensées, je vous assure que vous ressentirez peu tous les maux du dehors, vous serez absorbé tout entiers par les peines intérieures. Mais le Seigneur ne souffrira point, mon frère, que vous soyez sans consolation aucune, car il est le père des miséricordes, et le Dieu de toute consolation. Les promesses de la Vérité. « Heureux ceux qui pleurent, parce qu'ils seront consolés, » s'accompliront en entier pour vous. D'ailleurs, je trouve dans Salomon une pensée qui se rapporte à merveille à celle-là : « Mieux vaut, dit-il, aller à une maison de deuil, que dans une maison de festin. (Eccli. VII, 3). » Tu serais bienheureuse, toi aussi, ô Ève, si après ta faute, tu avais cherché la consolation des larmes; si ton coeur s'était tourné vers le regret, tu aurais promptement obtenu ton pardon. Mais voilà que tu as recherché une bien misérable consolation, en entraînant ton mari dans ta chute ; tu as ainsi empoisonné toute ta race , en lui inoculant un poison terrible, un vice affreux, tel enfin,. que de, nos jours encore, on se console de son malheur par le malheur des autres. O Ève, quelle malheureuse consolation est la tienne, et combien malheureuse aussi est la consolation de ceux qui t'imitent ! Mais « bienheureux ceux qui pleurent, parce qu'ils seront consolés. » Mais en quoi consiste cette consolation, sinon dans la grâce de la dévotion qui prend sa source dans l'espérance du pardon, qu'est-elle autre chose que l'infinie douceur du bien, le goût de la sagesse, si petit qu'il soit, dont le Seigneur, en attendant, commence dans sa bonté, par rafraîchir l'âme affligée ! Mais ce goût même, qu'est-ce, sinon quelque chose qui éveille nos désirs, et excite notre amour, selon ce qui est dit : « Ceux qui me mangent, auront faim encore, et ceux qui me boivent, voudront encore boire (Eccli. XXIV, 29) ? » "

SaintPierre.png

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