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10 mars 2010 3 10 /03 /mars /2010 18:53

H.pngeureux les doux, parce qu'ils hériteront de la terre.

Benoît XVI lors de son audience de ce matin a poursuivi sa catéchèse sur Saint Bonaventure confronté à la division au sein de la famille franciscaine. Notre docteur de l'Eglise insista donc sur le fait que les frères devaient "se rapprocher le plus possible de la réalisation du Sermon sur la Montagne, qui fut pour Saint François, la règle par excellence, tout en tenant compte des limites de l'homme marqué par le péché originel."
On constate encore une fois combien ce texte a marqué toutes les familles spirituelles de la chrétienté. L'appel des béatitudes est réellement un appel universel.

Intéressons-nous aujourd'hui à la vertu de douceur. Les béatitudes je vous le rappelle s'enchaînent et on ne peut atteindre la seconde marche de l'escalier si l'on a déjà mis en pratique la première des vertus: l'humilité. C'est ce que nous rappelle Chromace d'Aquilée: "Mais, de même qu'il est impossible, sans respecter l'ordre (des marches), de se tenir sur le second degré, si l'on n'a pas gravi le premier, on ne peut être doux si l'on n'est pas d'abord devenu pauvre en esprit. Comment un esprit, parmi les richesses, les préoccupations et les soucis des biens terrestres qui ne cessent d'engendrer tracas, procès, appels, colères et emportement, comment, dis-je, au milieu de tout cela, un esprit pourrait-il être doux et calme, s'il n'a d'abord coupé court et renoncé à tout ce qui provoque colère et disputes? La mer ne s'apaise que si le vent tombe, le feu ne s'éteint que si l'on retire ce qui peut brûles, les broussailles desséchées; de même, un esprit ne peut être doux et tranquille s'il n'a renoncé à ce qui excite et enflamme. Le second degré vient dont très justement après le premier: ceux qui ont une âme de pauvres sont déjà sur la route de la douceur."

Cela dit pour expliciter cette vertu, je ne vous renverrai pas aux pères de l'Eglise mais au grand Saint Vincent de Paul, fondateur entre autres des lazaristes et des filles de la charité... La douceur est en effet une des cinq vertus fondamentales de sa spiritualité qui sont l'humilité, la douceur, la simplicité, la mortification (vous pouvez aujourd'hui trouver à la place le mot d'"ascèse") et le zèle.

"C'est la douceur, qui regarde l'intérieur et l'extérieur, le dedans et le dehors de la maison; douceur à notre égard, douceur dans le support du prochain."

Tout d'abord, il nous faut- à la suite de monsieur Vincent-distinguer la vertu chrétienne de douceur et la "douceur" comme qualité d'une personne. La douceur comme vice s'oppose surtout à "la colère et aux passions de l'appétit irascible" (Entretiens Spirituels aux missionnaires, Ed. du Seuil, 1960) et conduit la personne à une grande constance. Il compare ainsi les personnes douces aux rivières qui ne tarissent pas à l'inverse des torrents impétueux.
Homme de terrain et du concret, il aborde la vertu de douceur lors des controverses entre deux personnes et constate que l'on parvient à ses fins non par la force et la colère mais bien par la douceur: " Quand on dispute contre quelqu'un, la contestation dont l'on use à son endroit lui fait bien voir qu'on veut emporter le dessus; c'est pourquoi il se prépare à la résistance plutôt qu'à la reconnaissance de la vérité, de sorte que, par ce débat, au lieu de faire quelque ouverture à son esprit, on ferme ordinairement la porte de son coeur; comme au contraire, la douceur et l'affabilité la lui ouvrent."

Le douceur a donc pour acte de "réprimander les mouvements de la colère, les saillies de ce feu qui montent au visage, lesquels troubent l'âme et font qu'on n'est plus ce qu'on était". En revanche, on peut en certaines circonstances crier, réprimander, être sévère et pourtant ne pas être en colère. C'est l'exemple de Jésus qui chasse les vendeurs du Temple. Or, comme le remarque Saint Vincent, Jésus avait la douceur au suprême degré qui réglait tous ces mouvements. S'agit-il ce que certains auteurs ont nommé "une sainte colère"??? Il ne peut s'agir en effet du vice de la colère. Ces actes sévères en apparence sont là pour chasser le péché et ôter le scandale; c'était pour édifier les âmes et pour notre instruction.  Il s'agit donc paradoxalement d'actes de douceur! La douceur n'exclu en aucun cas une certaine fermeté surtout pour l'éducateur. Mais l'acte est commandé par la raison et non par des accès de colère c'est-à-dire des sautes d'humeur. Ce qui le rend compréhensible (et justifié) d'une certaine manière pour autrui.

En troisième lieu, Vincent associe "justice du Royaume" et douceur... Que de douceur dans le Christ, Agneau de Dieu, qui subit les affronts, l'injustice! Etre doux avec autrui comme Jésus a été doux envers les hommes.
"La douceur ne nous fait pas seulement excuser les affronts et les injustices que nous recevons, mais elle veut même qu'on traite doucement ceux qui nous les font, par des paroles aimables, et, s'ils venaient à l'outrage jusqu'à donner un soufflet (une grosse baffe en langage contemporain), qu'on le souffre pour Dieu; et  c'est cette vertu qui fait cet effet-là." Bref, la vertu de douceur est cette vertu qui nous aide à tendre la joue droite non pour tout accepter mais pour pardonner autant de fois que nécessaire, pour sortir du cercle de la violence et de la vengeance.
Pour empêcher l'escalade de la violence, la loi du talion" oeil pour oeil, dent pour dent" avait été nécessaire. Jésus avec la vertu de douceur franchit un cap supplémentaire qui nous rend semblabes à Dieu. Il ouvre la voie du pardon.
Est-ce que le Père adresse des reproches au fils prodique ou fait des comptes avant de pardonner? Est ce que Jésus demande à la femme pécheresse de se justifier devant ses accusateurs? Il se tait et renvoie chacun de nous à "sa" vérité: les juifs qui  voulaient la  lapider, la foule qui les accompagnait sans doute et la femme adultère. Chacun doit en toute humilité se regarder, et ne pas se juger plus durement (c'est aussi un des intérêts de la vertu de douceur) que ne le ferait Dieu et accueillir le pardon du Christ. 
La douceur c'est la vertu qui nous aide à supporter les erreurs, les faiblesses, les défauts de l'autre. C'est une vertu profondément altruiste.C'est ce qui nécessaire au service du prochain et à toute forme d'évangélisation.

SaintPierre.png

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commentaires

B
<br /> Huum la douceur... ça te va bien d'écrire un truc sur ça! (rit sous cape)<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Monstresse... Je décris juste... Je te rappelle que c'est une ascension et je n'ai pas précisé à quel degré je me trouvais (je suis maligne moi)... tu penses bien que l'humilité, ce n'est pas<br /> encore gagné!<br /> <br /> <br />