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1 décembre 2009 2 01 /12 /décembre /2009 21:00
 

homme ressent un désir de l'infini, le bonheur est compris à la fois comme le but et la possibilité de combler ce désir. Rechercher le bonheur, c'est se tourner vers, s'orienter vers... mais la recherche du bonheur est particulière car on oriente toutes ses actions vers ce but mais on s'interroge en même temps sur les conditions, les moyens et sur la possibilité d'obtenir le bonheur. Cette quête du bonheur soulève un certain nombre de questions...



La recherche du bonheur est donc en premier lieu une interrogation: qu'est ce que le bonheur, quels sont ces caractères essentiels- quelque chose situé à l'extérieur de soi ou quelque chose au contraire à trouver au fond de soi? L'autre s'il est un obstacle à mon bonheur peut-il être écarté voire tué? Peut-on se servir de l'autre comme un simple moyen pour parvenir à SON bonheur ( caractère égoïste et individualiste de la quête du bonheur)? Le bonheur au contraire est-il forcément partagé (amour). Le bonheur est-il dans la liberté totale? Je suis heureux quand je fais ce que je veux! Peut-on définir le bonheur d'une manière universelle ou est-il forcément subjectif (le bonheur de l'un ne peut être le bonheur de l'autre).. On a tous  à première vue une conception différente de ce qui  rend heureux: peut-on définir par la raison un bonheur identique à tous?

Chercher c'est aussi chercher ce qui possible ou ce qui ne l'est pas! Ce qui me rendra réellement heureux ou non. C'est éviter la désillusion et les échecs.

Le bonheur est-il possible ici-bas? Ou doit-on forcément attendre l'éternité? Peut-on parvenir au bonheur dans une existence humaine ou est-on condamné à errer, à rechercher sans cesse le bonheur sans jamais y parvenir? Rechercher le bonheur n'est ce pas perdre son temps au lieu de profiter du temps présent?

Le bonheur n'est-ce pas seulement l'absence de souffrances, de douleurs. Si on évite le malheur alors on est heureux? Est-ce que le bonheur ne se confond pas avec le plaisir?


Toutes ces questions, les philosophes les ont posées. C'est le "comment vivre heureux". Par exemple, Sénèque ou Augustin ont écrit un livre intitulé De la vie heureuse. Comment vivre d'une façon plus heureuse, plus sensée ( sens de la vie et selon la raison) et plus libre?

Réponse qui se traduit différemment selon les époques: les libertins ( bonheur dans l'excès des plaisirs), les romantiques (dans l'absolu qui peut-être le malheur et la souffrance), aujourd'hui quête standardisée du bonheur (avec l'absence totale de douleurs et la satisfaction immédiate du plaisir).


Pour les Anciens, par exemple Platon:

  • tout le monde recherche le bonheur mais il faut éclairer les hommes sur la nature de ce bonheur. Pour lui, il s'agit de contempler le monde des Idées.

  • Pour parvenir à la contemplation- voie de la sagesse et de la philosophie. L'homme heureux est le sage, le philosophe.

  • Pour parvenir à bonheur, un chemin = la vertu.


Aristote- Ethique à Nicomaque,place le bonheur dans la contemplation, le sage est heureux lorsqu'il atteint la perfection dans l'exercice des vertus. Le bonheur se situe dans la vie présente. Le bonheur, c'est le bien suprême que tous recherche mais que seule une minorité parviendra à atteindre. C'est l'accomplissement parfait de la nature humaine. L'homme est heureux en accomplissant ce pour quoi il est fait. Mais l'activité de l'âme n'exclut pas les plaisirs sensibles. Il y a cohérence entre les deux. Raison et sensible s'articule harmonieusement pour l'homme vertueux.


Pour les stoïciens, Sénèque et Cicéron. Lien toujours entre bonheur et vertu. L'homme vertueux ne met pas son bonheur dans la chance, le plaisir, les biens extérieurs. Le bonheur n'est pas une conséquence de l'exercice de la vertu mais le bonheur est dans l'exercice même des vertus. Vie vertueuse conduit à une sorte d'indifférence, de paix et de tranquillité de l'âme qu'ils appellent l'ataraxie.


Pour les Epicuriens, le bonheur est dans le plaisir mais dans n'importe quel plaisir. Ce sont des matérialistes. Le bonheur est à trouver ici-bas. Vous pouvez lire la Lettre à Ménécée. Etat là encore de tranquillité et d'indifférence ( ataraxie).


Les utilitaristes: Stuart Mill, Bentham... reviennent sur la question du bonheur après l'éclipse kantienne. Le bonheur est ce le plus grand bien pour le plus grand nombre possible. Utile c'est-à-dire mesurer les conséquences pour celui qui produit cette action. Si l'action est utile = bonne. D'où l'intérêt pour la technique et son efficacité. Une action est bonne en fonction du bonheur qu'elle procure, en fonction de son utilité.


Pour la psychanalyse et certains courants psychologiques, le bonheur c'est avant tout l'acceptation de soi qui passe par la connaissance de soi ( inconscient, fantasmes, angoisses,...)


Une conception hédoniste: typique de nos sociétés occidentales contemporaines. Importance de l'instant, rien ne sépare l'individu de son bonheur. Le bonheur est un dû et il doit être obtenu tout de suite. Droit/devoir d'être heureux.

Je terminerai par un texte de Jean Paul II, extrait de son encyclique Veritatis Splendor où il traite de la question du sens en partant du grand texte moral: l'evangile du jeune homme riche.
" 7. « Et voici qu'un homme... ». Dans le jeune homme, que l'Evangile de Matthieu ne nomme pas, nous pouvons reconnaître tout homme qui, consciemment ou non, s'approche du Christ, Rédempteur de l'homme, et qui lui pose la question morale. Pour le jeune homme, avant d'être une question sur les règles à observer, c'est une question de plénitude de sens pour sa vie. C'est là, en effet, l'aspiration qui est à la source de toute décision et de toute action humaines, la recherche secrète et l'élan intime qui meuvent la liberté. En dernier lieu, cette question traduit une aspiration au Bien absolu qui nous attire et nous appelle à lui ; elle est l'écho de la vocation qui vient de Dieu, origine et fin de la vie humaine. Dans cette même perspective, le Concile Vatican II a invité à approfondir la théologie morale de telle sorte que son exposition mette en valeur la très haute vocation que les fidèles ont reçue dans le Christ , unique réponse qui comble pleinement le désir du cœur humain. (…)

«Maître, que dois-je faire de bon pour obtenir la vie éternelle?» (Mt 19, 16)

8. C'est du fond du cœur que le jeune homme riche adresse cette question à Jésus de Nazareth, question essentielle et inéluctable pour la vie de tout homme : elle concerne, en effet, le bien moral à pratiquer et la vie éternelle. L'interlocuteur de Jésus pressent qu'il existe un lien entre le bien moral et le plein accomplissement de sa destinée personnelle. C'est un israélite pieux qui a grandi, pour ainsi dire, à l'ombre de la Loi du Seigneur. S'il pose cette question à Jésus, nous pouvons imaginer qu'il ne le fait pas par ignorance de la réponse inscrite dans la Loi. Il est plus probable que l'attrait de la personne de Jésus fait naître en lui de nouvelles interrogations sur le bien moral. Le jeune homme ressentait l'exigence d'approcher Celui qui avait commencé sa prédication par cette nouvelle et décisive annonce : « Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche : repentez-vous et croyez à l'Evangile » (Mc 1, 15).

Il convient que l'homme d'aujourd'hui se tourne de nouveau vers le Christ pour recevoir de lui la réponse sur ce qui est bien et sur ce qui est mal. Le Christ est le Maître, le Ressuscité qui a en lui la vie et qui est toujours présent dans son Eglise et dans le monde. Il ouvre aux fidèles le livre des Ecritures et, en révélant pleinement la volonté du Père, il enseigne la vérité sur l'agir moral. A la source et au sommet de l'économie du salut, le Christ, Alpha et Oméga de l'histoire humaine (cf. Ap 1, 8 ; 21, 6 ; 22, 13), révèle la condition de l'homme et sa vocation intégrale. C'est pourquoi « l'homme qui veut se comprendre lui-même jusqu'au fond ne doit pas se contenter pour son être propre de critères et de mesures qui seraient immédiats, partiaux, souvent superficiels et même seulement apparents ; mais il doit, avec ses inquiétudes, ses incertitudes et même avec sa faiblesse et son péché, avec sa vie et sa mort, s'approcher du Christ. Il doit, pour ainsi dire, entrer dans le Christ avec tout son être, il doit " s'approprier " et assimiler toute la réalité de l'Incarnation et de la Rédemption pour se retrouver lui-même. S'il laisse ce processus se réaliser profondément en lui, il produit alors des fruits non seulement d'adoration envers Dieu, mais aussi de profond émerveillement pour lui-même » .

Si nous voulons pénétrer au cœur de la morale évangélique et en recueillir le contenu profond et immuable, nous devons donc rechercher soigneusement le sens de l'interrogation du jeune homme riche de l'Evangile et, plus encore, le sens de la réponse de Jésus, en nous laissant guider par Lui. Jésus, en effet, avec une délicate attention pédagogique, répond en conduisant le jeune homme presque par la main, pas à pas, vers la vérité tout entière."

Dans la morale chrétienne, le bien et le mal ( l'agir moral par conséquent) et la quête du bonheur s'éclairent dans et par le Christ. Encore un appel à se mettre à l'écoute de la Parole de Dieu! Ce qui est premier, c'est la recherche de l'homme, son questionnement sur le sens de l'existence. Déterminons ce but et tout notre agir moral en découlera. La loi morale ne vient qu'après une connaissance, une expérience personnelle plus ou moins consciente de Dieu comme le dit si justement la Commission Biblique Pontificale. Le Christ éclaire le sens de notre destinée. Comme le jeune homme riche, allons à sa rencontre, interrogeons-Le (il lui pose la question morale par excellence, la même que Kant "que dois-je faire?"),  marchons à sa suite vers "la vérité toute entière."

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commentaires

C
blog(fermaton.over-blog.com),No-4-THÉORÈME MON COEUR .- Un humain heureux.
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B
<br /> ... Et en gros, Saint Augustin dit donc que:<br /> Si je cherche le plaisir, c'est qu'en fait je cherche le bonheur,<br /> Si je cherche le bonheur c'est qu'en fait je cherche le Bien<br /> Si je cherche le Bien c'est que je cherche Dieu.<br /> <br /> Donc quand je me sers un immense verre de Lagavulin ou que je me mange une énorme pizza avec supplément fromage, ma recherche de plaisir n'est qu'un leurre qui me fait oublier le véritable bonheur<br /> qui se trouverait donc -selon l'évêque- en Dieu.<br /> <br /> Mais là je demande: Dieu a-t-il des anchois ?<br /> <br /> <br />
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J
<br /> En effet... c'est en gros cela...<br /> <br /> Quand Dieu créa les anchois, il dit: " Cela est bon!" dixit le livre de la Genèse.<br /> <br /> Quand tu bois un verre de lagavulin, quand tu manges une énorme part de pizza, tu désires être bien... C'est une bonne chose! <br /> Cependant, l'erreur serait de croire que des litres de lagavulin et des tonnes de pizza (aux anchois ou non) pourraient à long terme combler ton désir... Seul Dieu en à la capacité! Le problème est<br /> toujours et encore de confondre biens secondaires et le Bien et ce qui doit orienter notre vie, c'est le désir suprême ou le Bien donc Dieu ( et non les pizza...) Les pizzas conduisent-elles tes<br /> actions? C'est une bonne question pour débuter un chemin de discernement...<br /> Mais cela dit St Augustin était très sévère avec l'alcool car sa pauvre mère, sainte Monique, a eu pendant fort longtemps un petit penchant pour les méditations dans les caves.<br /> <br /> <br />
D
<br /> Oui « parti pris » n'était pas le terme approprié. J'aurai dû dire « prédisposition chrétienne à l'interprétation de la pensée libertine comme »... ça aurait très certainement beaucoup mieux<br /> refléter les causes de mon sourire à la lecture de ce passage.<br /> <br /> <br />
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D
<br /> ;) J'aime beaucoup votre léger parti pris dans votre vision du bonheur selon les libertins (« excès » des plaisirs)...<br /> <br /> <br />
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J
<br /> C'est un très rapide résumé... Par conséquent il s'agit plus d'une ligne générale et donc une idée à tendance caricaturale qu'un parti pris.<br /> <br /> <br />