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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 20:35

S.pngujet "bateau" mais néanmoins capital celui de la "dignité humaine". Pour aujourd'hui seulement quelques repères pour commencer à réfléchir à cette question. 

La dignité humaine est une notion lourde de sens et fort complexe. Souvent on la réduit aux droits de l’homme mais beaucoup de pensées et de philosophies ont développé l’idée d’une dignité humaine. Par exemple, dans le monde grec, l’homme est digne de par  sa capacité technique ou sa connaissance (il peut s’élever jusqu’au monde des Idées), par sa capacité politique ( tout citoyen peut participer aux décisions politiques et donc au bien commun), par sa capacité "à être au monde" ( chez les stoïciens, c'est la capacité de vivre en harmonie avec le monde, avec la loi…). Chez Socrate, tout homme est digne car tout homme possède une faculté de comprendre ( intellectuelle et mystique).
On retrouve trois grands thèmes qui nous permettent d'affirmer l'infinie dignité de l’homme: transcendance de l'homme, suprématie de l’homme sur les choses et caractère social.
A l’époque moderne, on trouve deux caractéristiques à cette dignité :
- une dignité du sujet.
- caractère social. Les membres d'une même communauté ont les mêmes droits. La dignité repose alors sur deux points: la liberté et l'égalité.

En quoi consiste la dignité de la personne humaine ? D’un point de vue pratico-pratique, on peut dire que la dignité humaine s’oppose à toute réification de l’être humain ( par exemple interdiction de la commercialisation des organes.). On peut s'interroger cependant sur la nature de la dignité évoquée dans les Droits de l'Homme.
Pour le chrétien, qui s’appuie sur Rm 2,14-15, les droits sont inscrits dans l’ordre de la création par le créateur lui-même, ils sont inscrits dans la conscience morale ou dans le cœur de l’homme, dans le cœur de tout homme. Pour Jean Paul II,  « L’Evangile est la déclaration la plus achevée de tous les droits de l’homme. » (Entrez dans l’espérance)

«  Qu’est-ce donc que l’homme si le Fils de Dieu assume la nature humaine ? Que doit être l’homme si, pour rétablir sa dignité, le Fils de Dieu lui-même est prête à payer le prix le plus haut qu’il soit ? » ( pp. 287-288).

L’Eglise n’a de cesse d’affirmer la dignité transcendante de la personne qui se traduit par le respect de la liberté ( Cf. Gaudium et Spes ; du n°17 à 21 compris.). Cependant, Elle articule liberté et vérité dans la mesure ou la liberté n’acquiert toute sa valeur que dans la vérité ( voir  aussi la question de la liberté religieuse qui est un droit inaliénable mais qui doit lui aussi s’accompagner du devoir de chercher la vérité.) . Dans cette recherche de la vérité, la principale ressource donnée à l’homme est bien entendu son intelligence, sa raison.

Le Concile affirme que la reconnaissance de la liberté de conscience est fondée sur la dignité éminente de la personne et sur le respect de l’itinéraire propre à chaque personne dans son cheminement vers la vérité. Il ne s’agit pas pour autant d’un relativisme moral ou religieux. On retrouvera un peu le même thème sur la loi de gradualité ( chacun chemine mais la loi de la gradualité n'est pas la gradualité de la loi qui demeure la même pour tous.)

Quelle est la doctrine chrétienne de la dignité humaine ? Cf. Commission Théologique Internationale, Dignité et droits de la personne humaine, 1983, Cerf, Paris, 1985.

  • L’homme est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu

  • La dignité de l’homme se manifeste pleinement dans le Christ.

  • L’homme est la seule créature voulue pour elle même par Dieu.

  • L’homme est placé au sommet de la création : suprématie de l’homme.

  • L’homme est aimé de Dieu : sollicitude de la Providence divine qui va jusqu’à donner son propre fils par amour pour lui ( salut : 1 Tm 2,4, sollicitude : Lc 12,30)

  • Par l’Incarnation, l’homme est révélé à lui-même. L’homme est aimé et sauvé par le Christ qui s’offre en sacrifice.

  • L’homme est appelé à devenir enfant adoptif de Dieu dans le Christ : Rm 8,15 ; Hb 12,6-7

  • L’homme reçoit sa dignité de Dieu. Il est image de Dieu.

  • La dignité est une qualité intrinsèque. Elle ne se divise pas, ne s’amoindrit pas, ne se perd pas ( que ce soit par l’affaiblissement du corps, la perte de la santé physique ou psychologique ou par une vie immorale…). La dignité est donnée dans la plénitude que ce soit dans l’embryon, le criminel, le malade, la personne handicapée, le vieillard… L’agir comme les atteintes physiques ne peuvent amoindrir ou faire disparaître cette dignité. Au nom de cette dignité, le racisme, l'avortement, la torture, l’esclavagisme...etc. sont des pratiques immorales.

Un des textes majeurs reste le texte de Vatican II, Dignitatis Humanae (Déclaration sur la liberté religieuse.)

De cette dignité découle les droits premiers de la personne humaine. La dignité ne vient pas de la société, c’est bel et bien une dignité intrinsèque de la nature humaine.C’est aussi une source de devoirs. La dignité est une exigence de vie dans la mesure où l’homme doit se montrer "digne" de cette dignité. Il faut donc que l’homme engage son intelligence dans la quête de la vérité et de la sagesse, qu'il obéisse à sa conscience morale ( qu'il a au préalable éclairé et éduqué)  pour bâtir sa liberté.
SaintPierre.png

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commentaires

J
<br /> Excellente note<br /> <br /> <br />
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B
<br /> "pratico-pratique"?<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Expression clé!<br /> <br /> <br /> <br />