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23 mai 2010 7 23 /05 /mai /2010 19:22

O.pngui, je sais... cela fait une éternité que je n'ai pas publié de note mais c'est un peu la panique sous le ciel dijonnais en ce moment. Mais dès cette semaine, nous reprendons un rythme "normal" de notes...

 

Aujourd'hui, avec la fête de la Pentecôte (du grec "penta" soit 50 jours après Pâques) s'achève le temps pascal pour les chrétiens. Nous reprenons le temps ordinaire ( de couleur verte) ou encore ce qu'on appelle le temps de l'Eglise dès demain...

La fête de la Pentecôte existait déjà dans le judaïsme ancien. Les apôtres réunis à Jérusalem ce jour-là étaient sans doute revenus en ville pour fêter "Chavouoth". C'est une fête d'origine agraire, une fête de printemps qui marque le temps des premières récoltes. C'est cependant la commémoration du don de la loi sur le mont Sinaï. Les chrétiens eux célèbrent le don du Saint Esprit sur les Apôtres et le commencement à proprement parler de l'évangélisation car c'est à partir de cet évènement qu'ils vont "proclamer les merveilles de Dieu" sur toute la terre. Vous pouvez trouver ce texte au début des actes des apôtres (livre rédigé par saint Luc) juste après le récit de l'Ascension.

 

Par conséquent, sainte fête de la Pentecôte !!!! N'hésitons pas à prier l'Esprit-Saint, ce "grand inconnu" de la Trinité. N'oublions pas que c'est une personne de la Trinité.

Saint Thomas d'Aquin, dans sa Somme Théologique se penche bien évidemment sur la question du Saint Esprit. Deux questions pourraient retenir notre attention. La question 37 intitulée " le nom du Saint Esprit qui est Amour" et la question 38, " le nom du Saint Esprit qui est "don"... Deux mots très forts pour parler de cette personne de la Trinité: Amour et don...Qu'en dit saint Thomas?

Il distingue déjà deux sens du mot amour lorsque l'on parle de Dieu. Un sens "personnel" et un sens " essentiel" ( qui se rapporte ici à l'essence  de Dieu). Dans un sens personnel, l'aquinate précise que " (...) c'est un nom propre du Saint Esprit, dans le même sens où "Verbe" est le nom propre du Fils." En bref, si le Christ est le Verbe fait chair, le Saint Esprit est Amour. Le Saint-Esprit "en tant qu'Amour, (...) évoque un rapport réciproque entre le Père et le Fils, celui d'aimant à aimé. Mais du fait même que le Père et le Fils s'entre'aiment, il faut bien que leur mutuel Amour, qui est le Saint Esprit, procède de l'un et de l'autre. Donc, si l'on considère l'origine, le Saint Esprit n'est pas au milieu, il est la troisième Personne de la Trinité. .."

 

Le don implique une "donation gratuite". La raison du don gratuit est comme le rappelle notre théolgien l'amour. Nous donnons quelque chose à quelqu'un gratuitement parce que "nous lui voulons du bien"

Ainsi on peut en conclure que 'l'amour constitue le don premier, en vertu duquel sont donnés tous les dons gratuits."

On comprend mieux alors la belle citation de Saint Augustin: "Par le Don, qui est le Saint Esprit, une multitude de dons sont distribués en propre aux membres du Christ."

Si nous avons reçu le sacrement du baptême, le sacrement de confirmation ou tout autre sacrement à caractère( ce mot vient du grec et signifie "empreinte" ou encore "marque", cela renvoie aux sacrement qui nous marquent à vie et que l'on ne reçoit qu'une fois), demandons-nous si nous accueillons réellement ce don et cet amour qu'est l'Esprit Saint?

Nous pouvons aussi réfléchir aux dons que Dieu nous a donné... Qu'en faisons-nous? Les faisons-nous fructifier???

 

N'oublions pas non plus que c'est Saint Thomas qui élabore vraiment la doctrine des 7 dons du Saint Esprit mais s'ils sont présent dans la Tradition. Je pense à saint Ambroise ou encore à saint Augustin. Ces 7 dons sont: la sagesse, l'intelligence, la science, la piété filiale, la crainte de Dieu, la force et enfin le conseil.

 

Finissons par la très belle prière du Veni sancte spiritu que l'on chantera aujourd'hui à la messe. C'est ce qu'on appelle la séquence. Elle est priée juste avant la proclamation de l'Evangile.

 

"Viens, Esprit-Saint, en nos coeurs,

et envoie du haut du ciel

un rayon de ta lumière.

 

Viens en nous, père des pauvres,

viens, dispensateur des dons,

viens, lumière de nos coeurs.

 

Consolateur souverain,

hôte très doux de nos âmes

adoucissante fraîcheur

 

Dans le labeur, le repos,

dans la fièvre, la fraîcheur,

dans les pleurs, le réconfort.

 

O lumière bienheureuse,

viens remplir jusqu'à l'intime

le coeur de tous tes fidèles.

 

Sans ta puissance divine,

il n'est rien en aucun homme,

rien qui ne soit perverti.

 

Lave ce qui est souillé,

baigne ce qui est aride,

guéris ce qui est blessé.

 

Assouplis ce qui est raide,

réchauffe ce qui est froid,

rends droit ce qui est faussé.

 

A tous ceux qui ont la foi

et qui en toi se confient

donne tes sept dons sacrés.

 

Donne mérite et vertu,

donne le salut final

donne la joie éternelle.

Amen."

 

SainteLucie.png

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4 mai 2010 2 04 /05 /mai /2010 22:56

L.pnge vin... tout un programme...

La première beuverie connue en ce bas monde est celle de notre ami Noé. A peine extrait de son arche, le voilà qui plante un pied de vigne. Vous trouverez cela dans le livre de l'Exode au chapitre 9: "Noé, homme du sol, commença de planter la vigne. Ayant bu du vin, il s'enivra, se dénuda au milieu de la tente."

Des trois fils, un manqua de respect à son père, Cham, père de Canaan. Le but est bien entendu d'expliquer une malédiction. Ce qui nous vaudra le beau petit dicton: "Souviens toi des enfants de Noé..." Si votre papa vous dit cela au détour du conversation c'est que vous lui avez manqué de respect. Attention, attention...

 

Mais revenons à notre vin.

On dit que l'arche après les longues journées de déluge se serait échouée sur le Mont Ararat... Erreur, erreur... N'importe quel bourguignon vous expliquera que Noé et toute sa famille ont en réalité échoué sur le Mont Afrique ( colline bien connue de la Côte d'Or). Après avoir remercié Dieu, après avoir reçue une nouvelle alliance de Dieu sous la forme de l'arc, Noé, notre homme de la terre planta des pieds de vigne. Pouvait-il en planter ailleurs qu'en Bourgogne? Non, bien entendu...

Nous l'avons évoqué, Noé connu les excès du vin qui s'accompagnent comme le fait justement remarqué le texte biblique d'actions et de propos impudiques... L'affaire a marqué l'esprit de notre bon Noé et aux vendanges suivantes lorsqu'il s'est rendu compte qu'il avait à nouveau trop de vin, le doute le submergea.

Comment faire? Boire tout? impossible! Jeter ce bon vin? Quel gachis, impossible!

Et pendant qu'il réfléchissait, son regard s'arrêta sur l'arche échouée au sommet du Mont Afrique et la forme arrondie de la coque lui donna une idée; une idée de génie. Il réunit tous ses fils et les voilà au travail. Ils fabriquent avec le bois de l'arche, toute une série d'arches miniatures...

Noé inventa ainsi le tonneau et la conservation du vin! Youpi!

 

 

Ecoutons pour finir des versets tirés du livre de l'Ecclésiastique au chapitre 31:

" Le vin est comme la vie pour l'homme, si tu le bois avec modération.

  Qu'est ce que la vie pour qui manque de vin?

  Car il a été créé pour la gaieté des hommes.

  Allégresse du coeur et gaieté de l'âme, tel est le vin bu en son temps et à sa suffisance.

  Amertume de l'âme, tel est le vin quand on en boit beaucoup, par défi et par provocation. "

 

 

 

SaintGeorges.png

 

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1 mai 2010 6 01 /05 /mai /2010 23:23

S.pngi le mois de mai est pour certain le mois où il faut "faire ce qu'il nous plait" ou le mois où l'on s'offre du muguet. Il est pour les chrétiens, le mois où l'on se tourne vers Marie.

Rien d'étonnant, dans la piété populaire beaucoup de mois sont dédiés  à tel ou tel saint. Par exemple, le mois de mars sera dédié à Saint Joseph ou le mois de juin au Sacré Coeur de Jésus. Cette tradition remonte au XVIIIème siècle même si on trouve déjà des traces de dévotions mariales au cours du mois de mai bien avant. On sait par exemple que Saint Philippe Néri, que nous fêterons à la fin du mois, invitait les enfants à se tourner vers Marie, en déposant à ses pieds les fleurs du printemps.

Ainsi comme l'écrivait Jean Paul II : "Le temps de l'Année liturgique et ce mois de mai nous invitent à ouvrir nos cœurs à Marie d'une façon toute spéciale." Et en effet, dans beaucoup de paroisses on se retrouve encore pour prier ensemble Marie par un chant ou avec la prière du chapelet.

 

Nous pouvons ainsi prendre l'habitude pendant ce mois de prier Marie avec la prière du "Je vous salue Marie" ou du "rosaire". Jean Paul II nous rappelait qu'avec Marie nous contemplons le Christ. Si le Christ  nous mène vers le Père, Marie nous conduit sans cesse vers son Fils. Elle est "porte du ciel". C'est pour cela que l'on trouve aussi des "rosaces" sur les portes ouest de nos cathédrales.

« Le Christ est le Maître par excellence, le révélateur et la révélation. Il ne s'agit pas seulement d'apprendre ce qu'il nous a enseigné, mais “d'apprendre à le connaître Lui”. Et quel maître, en ce domaine, serait plus expert que Marie? S'il est vrai que, du point de vue divin, l'Esprit est le Maître intérieur qui nous conduit à la vérité tout entière sur le Christ (cf Jn 14, 26; 15, 26; 16, 13), parmi les êtres humains, personne mieux qu'elle ne connaît le Christ; nul autre que sa Mère ne peut nous faire entrer dans une profonde connaissance de son mystère. » ( lettre apostolique «  Rosarium Mariae » de Jean Paul II.)

Marie est celle qui accueille, accompagne, console, guide, aime, prie, « garde cela dans son cœur », contemple… Elle est pour nous un modèle de contemplation, d’amour, de confiance, d’abandon à Dieu. Elle nous montre son fils. Elle nous aide à mieux connaître Jésus, à contempler sa vie et donc à entrer davantage dans le mystère de sa vie, dans le mystère trinitaire : « Marie vit en gardant les yeux fixés sur le Christ, et chacune de ses paroles devient pour elle un trésor: « Elle retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur »

Pourquoi le chapelet? Et bien parce qu'il "concentre en lui la profondeur de tout le message évangélique, dont il est presque un résumé. En lui résonne à nouveau la prière de Marie, son Magnificat permanent pour l'œuvre de l'Incarnation rédemptrice qui a commencé dans son sein virginal. Avec lui, le peuple chrétien se met à l'école de Marie, pour se laisser introduire dans la contemplation de la beauté du visage du Christ et dans l'expérience de la profondeur de son amour."

 

Je vous laisse pour terminer une belle prière à Marie composée par Saint Bernard au XIIIème siècle. La prière du memorare:

 

Souvenez-vous
ô très misécordieuse Vierge Marie,
qu’on n’a jamais entendu dire
qu’aucun de ceux qui ont eu recours
à votre protection,
imploré votre assistance
ou réclamé vos suffrages,
ait été abandonné.
Animé de cette confiance,
ô Vierge des vierges, ô ma mère,
je viens vers vous,
et gémissant sous le poids
de mes péchés,
je me prosterne à vos pieds.
O Mère du Verbe incarné,
ne méprisez pas mes prières,
mais écoutez-les favorablement
et daignez les exaucer.

Amen
.

  SaintJeanBaptiste.png

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28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 22:58

U.pngn thème très courant chez Saint Jean, Jésus, la lumière qui chasse les ténèbres. Regardons de plus près les quelques versets qui nous sont proposés dans l'Evangile du jour: "Moi qui suis la lumière, je suis venu dans le monde pour que celui qui croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres." (Jn 12)

Ces paroles font écho au verset 12 du chapitre 8 où Jésus affirmait être la "lumière du monde" et comme l'écrit Saint Augustin dans son commentaire de l'évangile de saint Jean: "Aimons cette divine lumière, désirons la comprendre, ayons soif de cette lumière afin que nous puissions sous sa conduite arriver un jour jusqu'à elle et que nous vivions en elle de manière à ne jamais mourir."

Suivre le Christ, c'est suivre la voie vers la vie éternelle. Il est le chemin qui nous mène au Père et c'est pour cela que tout notre agir doit se conformer à celui du Christ. C'est l'imitation de Jésus Christ. Il nous faut mettre en pratique concrètement ses paroles et ses enseignements et vivre de son Evangile.

"Si quelqu'un entend mes paroles et n'y reste pas fidèle, moi, je ne le jugerai pas, car je ne suis pas venu juger le monde, mais le sauver.
Celui qui me rejette et n'accueille pas mes paroles aura un juge pour le condamner. La parole que j'ai prononcée, elle le condamnera au dernier jour.Car ce que j'ai dit ne vient pas de moi : le Père lui-même, qui m'a envoyé, m'a donné son commandement sur ce que je dois dire et déclarer ;et je sais que son commandement est vie éternelle
" (Jn 12).

On retrouve un des motifs de l'Incarnation ( le Verbe qui se fait chair). Jésus se fait homme pour nous conduire vers Dieu-le Père ainsi qu'un élément de notre credo: " Il est Dieu, né de Dieu; lumière, né de la lumière".

Ainsi " C'est donc la lumière éternelle, cette lumière de la sagesse qui, sous le voile de la chair dit aux hommes: " je suis la lumière du monde, celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie" (Jean 8,12)" (Saint Augustin).

Le Christ est donc, pour reprendre une image bateau, le phare dans la nuit. Même si on ne sait pas trop où l'on va, si l on s'attache au Christ, on peut être certain de marcher vers la Lumière. La promesse est au futur... mais se mettre à la suite du Christ commence dès à présent.

 

Ne pas demeurer dans les ténèbres. Il n'est pas rare en effet que Jésus guérisse des aveugles. On peut penser à Bartimée dont on a déjà parlé ou encore cet aveugle sur lequel il pose de la boue fabriquée avec sa salive et qui va se laver à la piscine de Siloë. Qu'est-ce qui peut nous éclairer, nous aveugles? Et bien le "collyre de la foi" comme l'écrit l'évêque d'Hippone. Nous sommes tous comme cet homme des aveugles-nés qui avons besoin que le Seigneur nous éclaire. En sachant que nous ne goûterons à la vérité que dans ce face à face de la vision béatifique où nos yeux seront totalement ouverts!

Saint Augustin n'hésite pas à citer d'autres textes comme celui de saint Paul dans sa première lettre aux Corinthiens ( 1Co 13, 12) ou dans la première lettre de Saint Jean ( 1 Jn 3,2): " nous sommes maintenant les enfants de Dieu, mais ce que nous serons un jour ne paraît pas encore. Nous savons que quand il viendra dans sa gloire, nou seront semblables à lui, par ce que nous le verrons tel qu'il est."

Cette marche dans la nuit est longue.. Les ténèbres ont reculé depuis l'Annonciation. De la nuit de Noël au matin de Pâques en passant par la reconnaissance de Jésus comme lumière des nations le 2 février.. mais la lumière ne sera pleine et entière qu'au matin de la Parousie, à la fin des temps: " Qu'est ce à dire que ce matin? Lorsque la nuit de ce siècle sera écoulée, lorsque les terreurs des tentations seront passées, lorsque le lion qui tourne autour de nous la nuit en rugissantn cherchant quelqu'un qu'il puisse dévorer, sera vaincu. " (Saint Augustin)

 

 

 

 

SaintJeanBaptiste.png

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27 avril 2010 2 27 /04 /avril /2010 23:25

P.pngour terminer ma phase "Mattéo Ricci", j'ai donc commandé son petit Traité de l'Amitié aux Editions Noé. C'est déjà un très joli livre en édition bilingue pour les sinologues confirmés cela peut être intéressant.

Il se présente sous la forme de petites maximes, apophtègmes autour du thème de l'amitié, de l'ami. 100 petits paragraphes où notre auteur a essayé de transcrire tout ce qu'il savait sur ce sujet en s'appuyant sur sa grande connaissance des auteurs occidentaux. N'oublions pas qu'il avait une mémoire phénomènale. Les plus avertis pourront faire des  parallèles avec Montaigne et relire Aristote sur ce sujet.

 

Je vous laisse ici quelques  "pensées"... Ceux qui se vantent d'avoir des centaines d'amis sur facebook vont se sentir, j'en ai peur, bien penauds!

 

n°7: " Il faut se montrer prudent avant de nouer une amitié, digne de confiance après."

 

n°8: "Les hommes les plus intelligents se trompent parfois: ils se comptent plus d'amis qu'il n'en ont en vérité. (L'idiot se vante d'avoir des amis lorsqu'il n'en a pas, le sage se trompe en pensant qu'il en a beaucoup alors qu'il en a peu)."

 

n°9: "Si un ami attend quelque chose en retour d'un présent, il ne s'agit plus d'un présent, mais d'un simple marché."

 

n°29: "L'ami partage tout ce qu'il possède."

 

n°49: " Sur toute chose je peux consulter mes amis et avec eux prendre les décisions nécessaires, mais je dois savoir auparavant qui sont mes amis."

 

n°67: " Qui habite une teinturerie, fréquente le teinturlier et s'approche des teintures, évitera difficilement de se salir. Qui se fait ami avec un vaurien, n'entend et ne voit que ses méfaits, l'imitera nécessairement et souillera son coeur."

et a contrario

n°68: " Chaque fois que je rencontre par hasard un ami sage, fût-ce pour un très bref instant, ma volonté de faire le bien s'en trouve encouragée."

 

n°76: "L'amitié est la richesse du pauvre, la force du faible, le remède du malade."

 

n°79: "Un monde sans amis serait comme un ciel sans soleil, un corps sans yeux."

 

n°82: "Un ami flatteur, n'est pas un ami, mais un voleur: d'ami il ne fait qu'usurper le nom."

 

SaintThomasdAquin.png

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25 avril 2010 7 25 /04 /avril /2010 23:31

C.pnge dimanche, nous prions tout spécialement pour les vocations! Tous, nous avons  une unique vocation, celle de devenir des saints... il est important de le rappeler! Mais, certains sont appelés à une vocation plus particulière dans la vie religieuse ou sacerdotale. C'est de cela dont il s'agit aujourd'hui: prions pour avoir des religieux, des religieuses, des moines, des moniales et enfin des prêtres. Prions aussi pour que tout ce petit monde soit des de saints religieux, de saints moines et de saints prêtres!

 

Beaucoup de manifestations sont prévues dans les paroisses d'autant plus que nous sommes dans l'année sacerdotale. Vous pouvez trouver sur le site du service national des vocations beaucoup d'idées pour animer  une veillée de prière, une rencontre avec des jeunes... N'hésitez pas à télécharger les docs ou à puiser des idées, c'est fait pour ça!

 

Nous avons besoin de prêtres, c'est une évidence. Grâce au prêtre, entre autres, nous pouvons recevoir les sacrements. Les sacrements, au nombre de sept et institués par le Christ, nous communiquent la grâce et la vie de Dieu. Par les sacrements nous nous sanctifions... Et même, comme l'écrit si justement St Thomas d'Aquin, " la Passion du Christ est cause pleinenement efficace du salut", cela ne veut pas dire que nous n'avons pas besoin des sacrements. En effet, " La grâce est cause pleinement efficace du salut. Mais Dieu donne la grâce aux hommes selon le mode adapté à leur nature. c'est pourquoi les sacrements sont nécessaires à l'obtention du salut." ( Somme Théolgogique, q.61)

C'est ce qui faisait dire au bon curé d'Ars, Saint Jean Marie Vianney: " Oh! que le prêtre est quelque chose de grand!". Par son intermédiaire, Dieu nous donne son pardon dans le sacrement de réconciliation, c'est lui qui nous permet de recevoir le Christ dans l'Eucharistie...

Bref, « Un bon pasteur, un pasteur selon le cœur de Dieu, c’est là le plus grand trésor que le bon Dieu puisse accorder à une paroisse, et un des plus précieux don de la miséricorde divine. »

 

Que pouvons-nous faire concrètement? Avant tout, prier pour avoir des prêtres et prier pour nos prêtres.

Sachez que dans tous les diocèses (pratiquement), il existe des "monastères invisibles". De quoi s'agit-il? Vous vous enagez à prier chez vous ( ou au travail, dans votre voiture...) pour les vocations consacrées. En général, on reçoit une petite lettre, textes, prières... Ce ne sont pas des choses très compliquées, je vous rassure tout de suite, à Strasbourg par exemple, il s'agit de prier l'angélus de midi pour les consacrés...

Ceux qui ont des enfants, il existe les Missions Thérésiennes. Une revue selon les âges, une prière à Notre-Dame du sacerdoce là aussi adaptée aux âges et la possibilité pour les enfants d'être "parrain" d'un séminariste... en s'engageant à prier pour lui. Une très belle oeuvre de prière!

Je vous laisse pour terminer une petite prière:

 

Seigneur,
Tu offres à chacun ton alliance,
Et tu invites la multitude des baptisés
A être les témoins de Ton amour.
Rends-nous sensibles à ta présence,
Et disponibles à tes appels.

Seigneur,
Depuis les apôtres
Tu appelles à ta suite des serviteurs
Qui annoncent ton Évangile,
Qui célèbrent l'Eucharistie
Qui manifestent ta miséricorde.

Seigneur,
Ton peuple tout entier
Te rend grâce
Pour les prêtres que tu lui donnes.
Que des jeunes découvrent
Dans nos communautés
La joie de te servir.
Qu'ils reçoivent la force
De répondre à Ton appel.
Amen.

 

 

SaintJeanBaptiste.png

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22 avril 2010 4 22 /04 /avril /2010 16:21

H.pngeureux les coeurs purs car ils verront Dieu.

 

Cette béatitude est peut-être une des plus grandes. Elle annonce ce que l'on appelle "la vision béatifique". Comme nous le rappelle la chanson, c'est ce que recherche le saint, c'est ce qui nous apportera la vrai joie:"Je veux voir Dieu, ... joie sans fin des bienheureux!"

Ecoutons plutôt Saint Léon derechef qui est d'une grande éloquence pour cette béatitude:" quelle grande félicité, bien-aimés, que celle pour laquelle on prépare une telle récompense! Qu'est-ce donc qu'avoir le coeur pur, sinon, s'appliquer aux vertus dont il a été question plus haut? Mais à voir Dieu, quel esprit pourra concevoir, quelle langue exprimer ce qu'est un tel bonheur? C'est pourtant ce qui lui arrivera lorsque la nature sera transformée: ce ne sera plus d'un miroir ni d'une manière confuse, mais ce sera face à face ( 1 Co 13, 12), qu'elle verra, «  telle qu'elle est » ( 1Jn 3, 2), la Divinité elle-même qu'aucun être humain n'a jamais pu voir ( Jn 1, 18); alors, dans la joie ineffable d'une éternlle contemplation, elle possèdera «  ce que l'oeil n'a pas vu, ce que l'oreille n'a pas entendu, ce qui n'est pas monté au coeur de l' homme. » ( 1 Co 2, 9)"

 

Saint Thomas dans la Somme Théologique (q.69 sur les béatitudes, article 4 dans la deuxième partie) note qu'avec cette béatitude nous parvenons aux béatitudes qui  "se rapportent à la félicité ou à la béatitude de la contemplation. " même s'il remarque dans les solutions à la suite de Saint Jean Chrysostome que toutes les récompenses décrivent la même chose: la vie éternelle. Cependant, on peut observer une progression dans les récompenses et ainsi " c'est une plus grande chose que de voir Dieu, de même que celui-là est plus grand qui est admis non seulement à manger à la cour du roi, mais aussi à le voir face à face".

La vision béatifique est l'objet même de la vertu théologale d'espérance. C'est pour cela qu'au ciel, foi et espérance disparaîtront au moment même où nous contemplerons Dieu face à face et seule la charité demeurera. C'est ce que nous a appris Saint Paul dans ses épîtres.

 

 

"Car nous voyons à présent dans un miroir, d'une manière obscure, mais alors ce sera face à face. A présent partielle est ma science; mais alors je connaîtrai tout comme je suis connu. Maintenant donc demeurent la foi, l'espérance et la charité, ces trois-là, mais le plus grand, c'est l'amour." ( 1 Co, 13, 12-13)

 

Saint François de Sales dans son Traité de l'Amour de Dieu traite en plusieurs lieux de la "vision de la divinité" et ce n'est que joie et enthousiasme qui ressortent de ces lignes: " Mais au ciel, Théotime, ah! mon Dieu, quelles faveurs! La divinité d'unira elle-même à notre entendement, sans entremise d'espèce ni de représentation quelconque; mais elle s'appliquera et se joindra elle-même à notre entendement, se rendant tellement présente à lui, que cette intime présence tiendra lieu de représentation et d'espèce. O vrai Dieu, quelle suavité (...) Nous serons là comme des enfants très-heureux de la divinité, ayant l'honneur d'être nourris de la propre substance divine, reçue en notre âme par la bouche de notre entendement..." Il cite alors ce verset magnifique en Osée 2, 14: " Je la mènerai en la solitude, et je parlerai à son coeur et je l'allaiterai."

Ce qui est intéressant, c'est que notre évêque de Genève rapproche ce bonheur de l'eucharistie: " Bonheur infini, Théotime, et qui ne nous a pas seulement été promis, mais dont nous avons un avant-goût au très saint sacrement de l'Eucharistie, festin perpétuel de la grâce divine...."

N'oublions pas en effet que les récompenses et les promesses des béatitudes sont déjà en action. Ce ne sont pas que des promesses futures qui impliqueraient que le bonheur n'est pas possible ici-bas. Ecartons la critique marxiste qui voyait justement dans ces promesses futures une raison pour supporter tout ici bas et qu'ainsi la religion n'était qu"opium" pour endormir le peuple opprimé. Cela n'a pas de sens. Le Royaume de Dieu est déjà présent depuis la Passion-Résurrection du Christ. Et justement, tout notre agir moral doit tendre à rendre toujours plus actuel ce Royaume. C'est cela aussi l'exercice des vertus.

 

Si notre contemplation du mystère de Dieu reste encore imparfaite sur cette terre, elle est déjà source de joie: "On ne contemple pas de la même manière ici-bas et au ciel. Mais on dit que la vie contemplative demeure, à cause de la charité qui est son principe et sa fin. C'est la pensée de Saint Grégoire: "La vie contemplative commence ici-bas pour trouver au ciel son achèvement. Car le feu d'amour qui commence à brûler ici-bas, mis en présence de son objet, jettera de plus vives flammes d'amour" (St Thomas d'Aquin, Somme Théologique, q.180).

Notre vision de Dieu commence donc ici-bas. Beaucoup de "moyens" nous sont offerts... Contemplons-le dans sa Parole (Bible), contemplons-le dans ses sacrements, contemplons-le dans l'eucharistie, contemplons-le en nous dans l'oraison, contemplons-le dans les autres qui sont "images" de la Trinité (combien plus lorsqu'ils ont communié!).

Cette contemplation de Dieu n'est pas sans risque... certains feront l'expérience de la nuit et comme le note Saint Thomas à la suite de saint Augustin certains sortiront "boîteux". Pourquoi cette image? Il se réfère à la lutte de Jacob avec l'ange. Notre docteur de l'Eglise voit dans ce récit, le récit d'un homme qui contemple son Dieu. A la fin de cette lutte, Jacob recevra le nom d'"Israël" et se sera blessé à la hanche. Pourquoi, Saint Thomas cite St Grégoire: " parce qu'il est nécessaire que l'amour du monde faiblisse pour que l'amour de Dieu devienne plus robuste. Et c'est pourquoi, lorsque nous avons goûté la suavité de Dieu, une de nos jambes restent saine, tandis que l'autre boite. Car tout homme qui boite d'une jambe s'appuie seulement sur la jambe saine."

Il nous faut donc dans la contemplation quotidienne, changer notre regard et notre coeur. La pureté du coeur ne peut être donnée, reçue que dans la contemplation du Dieu pur. L'agir, l'action n'est efficace que si nous contemplons... Comment être "actif "si nous ne prenons pas des forces à la source et si nous n'orientons pas nos actes vers notre but?

 

SaintPierre.png

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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 16:32

H.pngeureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde"

 

 

Avec saint Augustin, on peut rappeler à la fois notre richesse, notre grandeur et notre extrême pauvreté. L'homme doit en premier lieu être "pauvre" nous l'avons vu mais ici la pauvreté est encore approfondie et cela dans un but bien précis, il faut se laisser "remplir" par l'amour de Dieu. Il nous faut demander "l'aumône" à Dieu. C'est ainsi qu'il écrit au sermon 53:" remplissez de votre abondance le vide des pauvres, et le vôtre sera rempli de la plénitude de Dieu".

Augustin met en évidence le fait que ce sont les oeuvres de miséricorde qui seront semence dans la Cité de Dieu. Nous semons ici bas avec la miséricorde pour moissonner en haut! Que nous faut-il faire? deux lignes directrices qui ne sont qu'une: la miséricorde et le don.

La justice découverte à la béatitude précédente s'incarne directement dans des actes. L'aumône, le don et la miséricorde envers autrui. Dieu est misérircodieux, nous sommes  l'image de Dieu, nous devons avoir des coeurs miséricordieux qui nous rendent encore plus semblables à Dieu: " La Miséricorde ( Ps 58,18) te veut miséricordieux, la Justice ( 1Co 1, 30) te veux juste afin que le Créateur apparaisse dans sa créature et que, dans le miroir du coeur humain, resplendisse l'image de Dieu reproduite en traits ressemblants. Sois assurée, foi de ceux qui accomplissent les oeuvres ( Ga 5, 6 et Jc 2, 20): ce que tu désires te seras présent et tu jouiras sans fais de ce que tu aimes" ( Saint Léon le Grand, Sermon 4).

Mais comme nous le rappelle à juste titre Chromace d'Aquilée, on ne peut donner que ce que  nous avons reçu nous-mêmes, ce qui nous a été auparavant donné: "  Nul ne peut rien donner aux autres qu'il ne soit d'abord donné à lui-même. Donc, après avoir obtenu pour lui miséricorde et profusion de justice, il commence à souffrir au spectacle des malheureux, et se met à prier pour les autres pécheurs. Devenu miséricordieux même envers ses ennemis, il se préparera, par une telle bonté, une belle réserve de miséricorde lors de la venue du Seigneur". Prions-nous pour les autres? Secourons-nous les autres? ou contentons-nous de les juger? L'aide aux autres peut être parfois perverse et dénuée de miséricorde, elle  ne peut être que glorification de nos propres actes et de notre attitude ou aide remplie de jugement! Attention...

 

Pour bien saisir ce qu'est la miséricorde de Dieu, nous pouvons nous référer au grand docteur de l'Eglise qu'est sainte Thérèse de l'Enfant Jésus et de la sainte Face, petite carmélite de Lisieux. Thérèse insiste sur le primat de la miséricorde de Dieu. Ce qui n'était pas encore évident à son époque (ni du reste à la nôtre parfois...). Elle montre que notre ascèse, nos efforts pourront être très nombreux mais seront toujours insuffisants pour monter jusqu'à Dieu et goûter ses merveilles. Elle nous révèle avec force que Dieu n'est pas un Dieu qui accuse et qui juge, Il est Dieu Amour et Miséricordieux. Qu'est ce que cela signifie concrètement? Que notre péché n'est pas un obstacle. Il faut se laisser envahir par l'Amour de Dieu. Si l'homme à faim et soif de Dieu, Dieu a soif de déverser son Pardon dans le coeur de l'homme, Il a faim en quelque sorte de l'homme. La Justice de Dieu est assumée dans l'Amour de Dieu. On ne peut concevoir le jugement dernier et le jugement divin sans saisir que Dieu est Amour et Miséricorde. En Dieu, il n'y a que l'Amour nous rappelle les grands mystiques du Carmel.  Il nous faut voir plus loin que le péché et nous jeter dans les bras de Dieu pour chanter, louer et remercier Dieu ( ce qu'on appelle l'action de grâces)

Bien entendu, lorsque nous avons fait l'expérience de ce Dieu miséricordieux, notre propre regard change sur autrui. Encore une fois, on comprend qu'il ne faut pas séparer vie morale et vie spirituelle. Sinon, nous nous jugerons et nous jugerons autrui plus sévèrement que Dieu.

 

 

« O ma Mère chérie ! après tant de grâces ne puis-je pas chanter avec le psalmiste : « Que le Seigneur est BON, que sa MISÉRICORDE est éternelle. » » (Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus)

 

« Cette année, le 9 Juin, fête de la Sainte Trinité, j’ai reçu la grâce de comprendre plus que jamais combien Jésus désire être aimé. … Ma Mère chérie, vous qui m’avez permis de m’offrir ainsi au Bon Dieu, vous savez les fleuves ou plutôt les océans de grâces qui sont venus inonder mon âme… Ah ! depuis cet heureux jour, il me semble que l’Amour me pénètre et m’environne, il me semble qu’à chaque instant cet Amour Miséricordieux me renouvelle, purifie mon âme et n’y laisse aucune trace de péché… » (Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus).

 

 

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17 avril 2010 6 17 /04 /avril /2010 15:52

H.pngeureux ceux qu ont faim et soif de justice, parce qu'ils seront rassasiés"

 

 Nous progressons sur notre chemin des vertus. Cette béatitude nous renvoie à la vertu cardinale de "justice". Depuis l'Antiquité, on a classé et identifié les différentes vertus morales. Quatre ont été mises en part. Ce sont les vertu cardinales: la justice, la tempérance, la force et la prudence. 

La prudence ayant une place bien à part, entre autres chez Aristote puis chez Saint Thomas d'Aquin, car elle est à la fois vertu morale et vertu intellectuelle. C'est un peu "la reine des vertus".

Que signifie "cardinale"? Le mot vient du latin "cardo" qui signifie "gond". En effet, toutes les autres vertus morales pourraient "tourner" ou encore "s'organiser" autour de ces quatre vertus. La justice renvoie à tous les actes qui concernent nos relations avec l'extérieur (le monde, autrui)... et la tempérance et la force ( parfois le courage) sont les vertus par lesquelles l'homme gouverne et régule son affectivité.

Pour le chrétien, les vertus morales et cardinales par conséquent sont à saisir dans l'ensemble de tout l'organisme vertueux. Les cardinales sont en tant que vertus morales acquises et placées sous le primat de la charité (une des trois vertus théologales avec la foi, l'espérance et la charité). Elles sont donc nourries de l'intérieur par la grâce.  Elles ont une fonction régulatrice par rapport aux autres vertus intellectuelles et morales...

 

 

Mais revenons au texte biblique. De quelle "faim" s'agit-il? Voici ce que nous en dit Saint Léon le Grand dans ses Sermons:  "Cette faim ne désire rien de corporel, ni cette soif rien de terrestre, mais elles aspirent l'une et l'autre à être rassasiées du bien qu'est la justice et souhaitent être comblées du Seigneur lui- même en étant introduites dans le secret de tous les mystères. Heureuse est l'âme qui convoite cette nourriture et brûle du désir d'un tel breuvage; certes, elle n'y aspirait pas si elle n'avait déjà goûté quelque chose de sa douceur. Mais, en entendant l'esprit prophétique lui dire: «  Goûtez et voyez comme le Seigneur est doux. » ( Ps 33,9), elle a reçu comme une parcelle de la divine suavité et s'est enflammée d'amour pour cette très chaste volupté; aussi, méprisant tous les biens temporels, son coeur a brûlé de toute son ardeur du désir de manger et de boire la justice et il a saisi la vérité du premier commandement: «  Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta force. » Aimer Dieu, en effet, n'est pas autre chose qu'aimer la justice. Enfin, de même que, tout à l'heure, à l'amour de Dieu s'ajoutait la souci du prochain, de même à présent au désir de la justice est unie la vertu de miséricorde (...)"

Cette faim, c'est avant tout celle de Dieu: il faut avoir faim et soif de l'Amour de Dieu. On retrouve ici, l'homme comme être de désir qui doit "désirer" son Dieu. Ce n'est qu'après avoir goûté Dieu que l'on pourra aimer réellement aimer son prochain. Amour de Dieu et amour du prochain sont intimement liés. L'homme qui a fait l'expérience de la justice divine en goûtant à l'amour de Dieu peut à son tour exercer la justice envers autrui.

 

Pour Chromace, on remarque l'articulation entre les béatitudes et les vertus. L'homme pleurt sur ses péchés et c'est ainsi débarrassé des ténèbres qui l'encombraient. Il peut alors orienter son unique désir, son  unique faim vers Dieu. Cette faim et soif de la justice le conduiront très naturellement à percevoir la miséricorde de Dieu: " Vraiment, après le repentir, après les larmes versées sur les péchés, peut-il naître d'autre faim et soif que de la justice? Car, de même que celui qui a parcouru l'obscurité de la nuit se réjouit de l'approche de la lumière, et que celui qui a rejeté la bile désire manger et boire, ainsi l'esprit du chrétien, après avoir rejeté ses péchés par le deuil et les larmes, n'a plus désormais faim et soif de la seule justice de Dieu, et à bon droit se réjouira d'être rassasié de ce qu'il désire."

  

Pour Saint Augustin, on s'oriente vraiment à partir de cette quatrième béatitude vers le seul bien véritable: Dieu... Il faut aimer la justice mais comme  il le fait justement remarqué, il y a différents degrés de justice. Il nous faut d'abord aimer la justice plus que tout autre chose. Ayons bien à l'esprit que fondamentalement, c'est Dieu qui est juste. Il faut rechercher ensuite la justice invisible en toutes choses car la justice est "belle, chaste, sainte, pleine d'harmonie, de douceur." et ce n'est pas "la crainte qu doit nous amener à la justice". C'est un point très important. Pour le chrétien, Dieu est amour, juste et miséricordieux. Le désir, la faim et la soif de Dieu, le recherche de Dieu ne peuvent être commandé par la crainte du châtiment ou par un simple pari tel Pascal mais bel et bien par amour. 

Et pour paraphraser assez librement Augustin "il faut aimer le bien, voilà le plus grand des mérites. Il faut entrer à l'intérieur de soi et s'examiner: est-ce que je ne fais pas le mal seulement pas crainte du châtiment? Si on ne fait pas le mal seulement par crainte de l'enfer alors on est loin de la perfection, on n'a pas faim et soif de justice... on a la foi mais pas la faim et la soif de la justice."

Si vous voulez approfondir cette question avec ce grand maître qu'est l'évêque d'Hippone, je vous renvoie aux sermons 159 et 178.

 

 

Et je terminerai avec notre ami saint Jean Chrisostome a une approche plus "classique" et oppose la vertu de justice au vice de l'avarice: " (...)comme c’est le propre de l’avarice d’être ardente à amasser du bien, et qu’on a d’ordinaire moins de passion pour le boire et pour le manger, que les avares n’en ont pour augmenter leurs richesses; Jésus-Christ veut que nous transportions cette ardeur à la pratique de la vertu opposée à l’avarice. Il nous propose encore ici une récompense sensible, « parce qu’ils seront rassasiés. »

Parce qu’on croit d’ordinaire que l’avarice enrichit les hommes, il montre au contraire que c’est la justice qui procure ce bienfait. Ne craignez donc plus la pauvreté ni la faim; lorsque vous pratiquerez la justice. Ce sont principalement ceux qui ravissent le bien des autres, qui perdent eux-mêmes ce qu’ils ont, comme au contraire celui qui aime la justice possède son bien en toute sûreté. Que si ceux qui ne prennent point le bien d’autrui, doivent jouir un jour d’une si grande abondance, quel sera le bonheur de ceux qui renoncent à tout ce qu’ils possédaient sur la terre ?"

  

 

  

 

 

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14 avril 2010 3 14 /04 /avril /2010 13:48

P.pngour ceux qui veulent approfondir un peu la pensée de Matteo Ricci, je leur conseille de lire directement ses oeuvres et en particulier le Traité de l'Amitié que vous trouverez aux éditions Noé.

 

En complément, je vous laisse ici en compagnie de Jean Paul II qui avait fait un très beau discours en 2001 à l'occasion d'un congrès international ayant pour titre: " Matteo Ricci: pour un dialogue entre la Chine et l'Occident.". Je ne recopie ici quelques extraits mais le message vaut d'être lu dans sa totalité. Le saint père en s'appuyant sur le Traité de l'Amitié de notre missionnaire montre combien il est nécessaire pour l'occident et la Chine de renouer un dialogue d'amitié entre eux deux. C'est un message plein de réalisme sur la situation de l'Eglise en Chine empli d'espérance et de confiance.

 

"La rencontre d'aujourd'hui nous conduit tous par l'esprit et par les sentiments à Pékin, la grande capitale de la Chine moderne, capitale de l'"Empire du Milieu" au temps du Père Ricci. Après avoir étudié pendant vingt-et-un ans, de façon attentive et passionnée, la langue, l'histoire et la culture de la Chine, il entrait à Pékin, résidence de l'Empereur, le 24 janvier 1601. Accueilli avec tous les honneurs, estimé et souvent consulté par des lettrés, des mandarins et des personnes souhaitant apprendre les nouvelles sciences dont il était un fervent amateur, il vécut le reste de ses jours dans la capitale impériale, où il mourut saintement le 11 mai 1610, à l'âge de 57 ans, dont presque 28 années passées en Chine. (...)"

 

"Cette même Chine éprouve, depuis quatre siècles, une profonde considération pour Li Madou, "le Sage d'Occident", comme fut désigné et est encore appelé le Père Matteo Ricci. Historiquement et culturellement il a été, en tant que pionnier, un précieux anneau de jonction entre la culture européenne de la renaissance et la culture de la Chine, ainsi que, réciproquement, entre la civilisation chinoise, antique et avancée, et le monde européen.

Comme j'ai déjà eu l'occasion de le noter, avec une intime conviction, en m'adressant aux participants au Colloque international d'études sur le Père Ricci, organisé pour le IV centenaire de l'arrivée de Matteo Ricci en Chine (1582-1982), il joua un rôle de grand mérite dans l'inculturation:  il élabora la terminologie chinoise de la théologie et de la liturgie catholique, créant ainsi les conditions pour faire connaître le Christ et incarner son message évangélique et l'Eglise dans le contexte de la culture chinoise (cf. Insegnamenti di Giovanni Paolo II, II, vol. V/3, 1982, Libreria Editrice Vaticana, 1982, 923-925). Le Père Matteo Ricci devint tellement "Chinois  avec  les  Chinois"  qu'il se transforma en véritable sinologue, au sens culturel et spirituel le plus profond du terme, car il sut atteindre dans sa personne une extraordinaire harmonie intérieure entre le prêtre et le chercheur, entre le catholique et l'orientaliste, entre l'italien et le chinois. (...)"

 

"Un  des  aspects  qui  rendent l'oeuvre du Père Ricci en Chine originale et toujours actuelle, est la profonde sympathie qu'il nourrit dès le début à l'égard du peuple chinois, en ce qui concerne son histoire, sa culture et ses traditions. Le petit Traité sur l'Amitié (De Amicitia - Jiaoyoulun), qui remporta un grand succès en Chine dès la première édition parue à Nankin en 1595, et le vaste et intense réseau d'amitiés qu'il développa et cultiva au cours de ses 28 années de vie dans ce pays, demeurent un témoignage irréfutable de sa loyauté, de sa sincérité et de sa fraternité envers le peuple qui l'avait accueilli. Ces sentiments et ces attitudes de très profond respect naissaient de l'estime  qu'il  éprouvait  pour  la  culture de la Chine, au point de le conduire à étudier, traduire et expliquer l'antique tradition confucianiste, proposant ainsi une revalorisation des classiques chinois.

Dès les premiers contacts avec les Chinois, le père Ricci fonda toute sa méthodologie scientifique et apostolique sur deux piliers, auxquels il resta fidèle jusqu'à la mort, malgré les multiples difficultés et incompréhensions internes et externes:  premièrement, les néophytes chinois qui embrassaient le christianisme ne devaient en aucune façon manquer de loyauté à l'égard de leur pays; deuxièmement, la révélation chrétienne sur le mystère de Dieu n'annihilait absolument pas, mais valorisait et complétait même ce qui était beau et bon, juste et saint, dans l'antique tradition chinoise, ce dont elle avait  eu  l'intuition  et qu'elle avait transmis.

C'est sur cette intuition que le Père Ricci, de la même façon que l'avaient fait les Pères de l'Eglise des siècles passés, lors de la rencontre entre le message de l'Evangile de Jésus-Christ et la culture gréco-romaine, fonda tout son patient et clairvoyant travail d'inculturation de la foi en Chine, en cherchant constamment un terrain commun d'entente avec les sages de ce grand pays. (...)"

 

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